La crise de l’euro domine-t-elle réellement les marchés financiers ?

par Lukas Daalder, Stratégiste chez Robeco

Le mois dernier, la crise de l’euro a de nouveau joué un rôle majeur. Elle a non seulement entraîné à la hausse les rendements obligataires des pays de la zone euro (l’Irlande, le Portugal et l’Espagne en sont des exemples), mais elle a également pesé sur les marchés d’actions espagnols (-13.5%) et italiens (-10.5%). Les incertitudes quant à l’avenir de la zone euro et l’annulation potentielle de certaines dettes énormes, ont affecté négativement les marchés d’actions et plus particulièrement le secteur bancaire. Les inquiétudes sur ce secteur ont alors mis une pression considérable sur les marchés du crédit.

Seul le revirement de la BCE, qui a annoncé de nouveaux rachats d’obligations, a quelque peu soulagé le marché qui a pu se reconstruire tranquillement début décembre. Toutefois, aucune solution structurelle n’a encore été présentée. Même si la crise peut-être perçue comme une menace du point de vue européen, les dégâts sont globalement limités. Alors qu’en mai 2010 la crise avait entraîné une chute des marchés d’actions partout dans le monde, cette fois-ci le problème n’est que local : le marché d’actions allemand a enregistré une hausse en novembre (+1.3%) et l’Amérique et l’Asie n’ont été l’un et l’autre que peu affectés. Pour les investisseurs diversifiés à l’international, le fait que l’euro connaisse un déclin rapide signifie que les conséquences seront limitées, voire nulles.

L’économie US reprend des couleurs

Comparé à un troisième trimestre faible, l’économie américaine a montré de nouveaux signes de reprise au quatrième trimestre 2010. Les chiffres du marché du travail sont une fois encore décevants, mais la plupart des autres données telles que la confiance des producteurs et les ventes au détail indiquent que l’économie se porte un peu mieux. Il est à noter cependant que ces chiffres confirment la direction prise vers une croissance modérée. Les plus grands challenges pour l’économie américaine seront le marché immobilier et la façon dont le gouvernement a l’intention de gérer son déficit.

Les tensions subsistent en Europe

Ces derniers mois, les tensions en Europe ne se sont pas limitées aux marchés financiers mais sont également apparues dans les économies sous-jacentes. L’Allemagne se situe du côté positif du spectre. Mois après mois, les données relatives à la confiance des producteurs et au marché du travail ont été surprenantes, et le chômage est désormais plus faible qu’en 2007. De l’autre côté du spectre se trouvent les pays du sud (et l’Irlande) qui publient des chiffres surtout décevants. Strictement parlant, le fait que l’économie allemande (la plus grande d’Europe) se porte bien devrait être un facteur positif, mais en fait cela indique que les problèmes de la zone euro sont de nature structurelle.

L'économie japonaise continue de s’affaiblir

Même si l’économie japonaise s’est affaiblie une fois de plus le mois dernier, le Nikkei a connu une forte hausse de 8%. Cet optimiste est principalement dû à la dépréciation du yen japonais, qui a ravivé l’espoir que le secteur des exportations continuera de bien se porter dans les prochains mois. Avec une dette qui représente plus de 200% du PIB et une population de plus en plus vieillissante, le Japon ne nous donne pas de raison d’être positifs.

Marchés émergents : vers une croissance et une inflation plus fortes

En regardant les données les plus récentes publiées par les pays émergents, la conclusion générale serait que nous avons évolué vers un scénario de croissance plus forte, et donc d’une inflation également plus élevée. Dans la plupart des marchés, les autorités y répondent par une augmentation des taux. Cependant, à l’image de la crise de la zone euro, cette question semble cette fois être locale et elle n’a pas attiré l’attention des marchés financiers internationaux.

Les obligations atteignent des niveaux record

Ces derniers mois, les rendements obligataires ont augmenté partout dans le monde. Les principales raisons de cette hausse sont les inquiétudes quant à une hausse de l’inflation et la prise de conscience que, au bout du compte, quelqu'un devra payer le prix des politiques de relance. Cependant, d’un point de vue historique, les rendements des obligations internationales sont toujours très faibles.