Banques chinoises : risque surestimé ?

par John Ventre, gérant chez Skandia Investment Group (SIG)

Ces derniers mois, les marchés s’inquiètent d’une bulle de la dette en Chine, du fait d’importants niveaux de prêts accordés par les banques chinoises aux sociétés locales, octroyés de façon quelque peu « underground » – en d’autres termes en dehors du propre bilan des banques et hors de vue du régulateur.

Bien que cette pratique semble avoir quelques similitudes avec le système de prêt subprime au Etats-Unis, grâce auquel les banques cachaient leur réelle exposition au marché immobilier US à travers un large éventail de véhicules, cela ne semble être qu’un effet secondaire inévitable de la politique monétaire chinoise.

Au lieu de fixer les taux d’intérêt et essayer ainsi de maintenir l’équilibre entre l’offre et la demande monétaire en rendant plus abordable ou en épongeant la liquidité sur les marchés monétaires via une politique d’Openmarket, comme le font la Fed, la Banque d’Angleterre ou la BCE, les autorités chinoises imposent des limites de réserve aux banques en restreignant le pourcentage de dépôts qui peut être prêté.

Ce taux de réserve est actuellement de 21,5% en Chine, ce qui signifie que pour chaque dépôt, moins de 80% de son montant peut être prêté. En Europe le taux est de 2%, au Royaume-Uni ce système est facultatif, et aux Etats- Unis il y a tellement d’exceptions et de dérogations que cette obligation a peu d’effet en pratique.

En conséquence, par rapport aux banques occidentales, les banques chinoises sont incroyablement sous- endettées du fait du mécanisme de politique monétaire de leur propre banque centrale. Et ce n’est pas une surprise si elles ont choisi un tel chemin et prêtent un plus fort pourcentage de leur dépôt à travers des véhicules d’investissement spéciaux, créant ainsi un système de « shadow banking ».

La Chine aurait besoin de muer vers un modèle d’Openmarket pour gérer l’offre monétaire mais pour l’instant il est important de se souvenir que c’est l’endettement total dans le système qui importe et pas seulement le système de « shadow banking ». Le marché part à la chasse de ces zones obscures et surestime leurs risques et c’est une des principales raisons qui laissent entendre que les banques chinoises peuvent surperformer de façon significative sur les prochains mois ce qui entrainera une hausse des actions chinoises.