Pays émergents : un FMI renforcé

par Jean-Louis Martin, économiste au Crédit Agricole
 • FMI : des moyens renforcés, un mandat encore à préciser, une gouvernance en suspens.
• Mexique : le premier utilisateur d'un nouveau type de crédit du FMI, sans conditionnalités.
• Turquie : des négociations avec le FMI peut-être facilitées.

Le FMI est un des principaux gagnants du G20 de Londres. Il devrait disposer d'une capacité de prêt supplémentaire d'au moins 750 Mds d'USD.

Le G20 n'a pas été explicite sur l'usage de ces nouvelles ressources : « surveillance de nos économies », « financement de dépenses contracycliques », « recapitalisation des banques »… Quelques innovations apparaissent cependant déjà : l'idée d'interventions préventives (avec notamment le dispositif FCL), une flexibilité plus grande dans l'octroi de crédits (les « New Arrangements to Borrow », NAB, dotés de 500 Mds USD), et une mission d'« early warning » (avec le nouveau Conseil de Stabilité Financière, FSB), qui donne au FMI un rôle de « super agence de notation ». Mais la révision des quotas (i.e. de la répartition du pouvoir au sein du FMI) est renvoyée à 2011.

Mexique

Le Mexique devrait être le premier utilisateur de la nouvelle facilité FCL (Flexible Credit Line) du FMI. Le gouvernement mexicain a annoncé qu'il demanderait 47 Mds USD. Il n'y a pas encore de réponse officielle du FMI, mais Dominique Strauss-Kahn s'est félicité de la demande (« welcomed Mexico's interest »), qui est également soutenue par le communiqué final du G20. Le FCL est un nouveau dispositif de crédit à des pays avec « des fondamentaux et des politiques économiques solides », sans conditionnalités liées, et à moyen terme (3,25 à cinq ans). Ce dispositif pourrait intéresser certains pays souhaitant disposer d'un « confort » supplémentaire (c'est le cas du Mexique qui a annoncé qu'il n'envisage pas de tirer cette ligne à court terme), mais qui ne souhaitent pas être marqués par le « stigmate » associé aux crédits du FMI.

Turquie

Contrairement au Mexique, il est assez peu probable que la Turquie bénéficie d’un FCL. Sans nier les progrès considérables des dernières années, ces lignes de crédit sont réservées aux pays ayant des fondamentaux solides et une politique économique prudente et efficace. Ankara devrait en revanche profiter de l’assouplissement général de la politique de prêt du FMI. Alors que les dirigeants turcs et ceux du Fonds sont en négociation depuis de longs mois, achoppant notamment sur les mesures budgétaires à prendre, il laisse présumer qu’un accord entre les deux partis pourra être à présent trouvé ; d’autant que le gouvernement turc devrait lui aussi se montrer plus flexible, maintenant que les municipales sont passées. Les marchés l’anticipent en tout cas.

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