États-Unis : de l’importance des déséquilibres à résorber

par Hélène Baudchon, économiste au Crédit Agricole

• L’indicateur composite avancé a reculé de 0,3 % sur le mois de mars.
• Les nouvelles commandes de biens durables ont baissé de 0,8 % sur le mois de mars (soit de 25,2 % sur un an).
• Les ventes de logements dans l’ancien et le neuf ont rechuté respectivement, de 3 et 0,6 % sur le mois de mars.

L’évolution récente de l’indicateur composite avancé du Conference Board signale une « contraction moins sévère de l’activité dans les prochains mois ». L’augmentation de l’offre de monnaie et la pentification de la courbe des taux sont des signes avant-coureurs de reprise, de même que le redressement significatif de la confiance des ménages et le rebond du S&P 500 (s’ils se prolongent…).

Cependant, la reprise s’enclenche une fois le creux atteint. Or, celui-ci paraît encore lointain en l’absence des indices témoignant, d’une part, de l’assainissement conjoncturel et donc du rétablissement de la capacité et de la volonté des agents à dépenser et, d’autre part, de leur engagement anticipé ou effectif dans un comportement de dépenses plus actif.

La plupart des indicateurs avancés témoignent seulement d’un ralentissement de la baisse. Il n’est pas encore possible de parler véritablement de redressement. La rechute limitée de 0,8 % sur le mois de mars des nouvelles commandes de biens durables (qui porte tout de même à -25,2 % le recul sur un an)en atteste. Quant à la partie « assainissement », elle a à peine commencé à en croire les indicateurs retardés pertinents et l’orientation baissière du ratio entre l’indicateur composite coïncident et le retardé. La hausse de la durée du chômage, du ratio stocks sur ventes et du coût unitaire du travail et la baisse du taux de base bancaire et de l’inflation dans les services sont le reflet de la récession. La résorption de l’excès patent de stocks peut être rapide dès lors que la production est revenue en ligne avec la demande et que cette dernière cesse de chuter.

La purge de la bulle de crédit et la baisse du taux d’endettement des ménages et des entreprises s’annoncent plus longues. Le déséquilibre offre/demande persistant sur le marché immobilier résidentiel est symptomatique des excès commis et de la difficulté de les purger. Dans l’ancien, il y a bien une demande pour les logements saisis revendus à prix bradés (plus de la moitié des ventes). Mais la résorption du stock de logements à vendre est contrariée par l’afflux des nouvelles saisies. Et tout signe de frémissement du marché incite les propriétaires à (re)mettre en vente leur logement. Ce qui est gagné d’un côté est perdu de l’autre. La récente volatilité des données (hausse de 4 % des ventes en décembre et de 5 % en février, baisse de 5 % en janvier et de 3 % en mars) peut être un signe de stabilisation. Sur le marché du neuf, l’offre s’est déjà drastiquement réduite mais la demande n’est pas au rendez-vous. Celle des primo-accédants se redresse, mais ils sont peu nombreux. Au final, une pression baissière forte continue de s’exercer sur les prix, préjudiciable à l’ensemble de l’économie.

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