Actions européennes : trop chères pour se positionner ?

par Jeanne Asseraff-Bitton, Responsable de la recherche Cross-Asset pour Lyxor Asset Management

Les actions de la zone euro enregistrent une progression d'environ 20% sur une année. Peuvent- elles monter davantage ?

Sur le plan macroéconomique, les nouvelles suggèrent que le processus de reflation se poursuit, offrant ainsi un important soutien. Les statistiques font état d'un renforcement de la croissance tandis qu'une inflation très modérée conduira vraisemblablement la BCE à maintenir sa politique accommodante. Les valorisations ne sont plus bon marché.

A 15 fois les bénéfices prévisionnels, le PER demeure toutefois de 10% inférieur à son plus haut sur 10 ans atteint en avril 2015. En outre, l'écart de valorisation par rapport aux actions américaines semble attrayant : Les actions de la zone euro affichent une décote de plus de 10% en termes de PER. Si l'on tient compte des ratios cours/valeur comptable et cours/chiffre d'affaires, la décote dépasse 40%.

Par ailleurs, les risques politiques qui pesaient sur le futur de l'union monétaire ont largement diminué dans le sillage de l'élection du Président Macron en France. C'est le candidat de la redynamisation de l'Union européenne qui a été élu, confirmant ainsi le résultat des élections aux Pays-Bas : le sentiment anti- européen est probablement moins fort que redouté. Les risques pesant sur les élections allemandes sont très mesurés selon nous.

A contrario, l'Italie pourrait devenir une source de préoccupations, tant économiques que politiques. La plus endettée des principales économies européennes est à la traîne dans le processus de reflation. En outre, les sondages indiquent qu'environ la moitié des Italiens sont en faveur d'une sortie de la zone euro, un risque à surveiller à l'approche des prochaines élections en 2018. A court terme, la France restera sur le devant de la scène avec les élections législatives de la mi-juin qui lèveront les incertitudes sur la capacité – ou non – de Macron à mener à bien des réformes. Une majorité suffisante au parlement attirerait certainement davantage de flux de capitaux vers les marchés français et de la zone euro.

Nous maintenons une légère surpondération des actions de la zone euro tout en mettant l'accent sur la sélectivité des pays. Nous continuons de favoriser l'Irlande sur fond de Brexit, les Pays-Bas pour leur caractère cyclique et laissons ouvert notre call relatif Espagne vs Italie.