La flexibilité devient un facteur discriminant dans la construction des fonds diversifiés

par Michaël Fay, Directeur des Gestions Diversifiées chez OFI AM

La gestion diversifiée va gagner en complexité au cours des prochaines années. L’investisseur doit passer d’une classe d’actifs à une autre et d’une zone géographique à une autre dans des temps beaucoup plus restreints.

Depuis la crise financière de 2008/2009, les fonds multi-asset diversifiés ont connu un succès croissant. La volatilité des marchés actions et la chute des taux à des niveaux historiquement bas incitent, en effet, les investisseurs à recourir davantage à ces stratégies pour obtenir le meilleur couple rendement/risque. Pour autant, malgré l’engouement pour ces fonds, il n’était pas trop préjudiciable de surpondérer l’une ou l’autre des deux grandes classes d’actifs, les performances comparées entre les actions et les obligations restant globalement comparables. La quête de performance et la réduction du risque offertes par la gestion diversifiée séduisaient le client mais le facteur allocation s’avérait moins crucial.

Avec la remontée prévisible des taux, les profils prudents encore largement investis en obligations ne vont plus pouvoir reproduire le même niveau de performance généré au cours de la dernière décennie. De facto, l’allocation d’actifs devient un facteur discriminant de la performance des fonds diversifiés multi-asset et le phénomène va s’amplifier au cours des cinq prochaines années. En effet, ce type de gestion va gagner en complexité, obligeant l’investisseur de ce type de fonds à passer d’une classe d’actifs à une autre et d’une zone géographique à une autre, dans des temps beaucoup plus restreints. Certains profils de portefeuilles réputés « prudents » vont devenir plus risqués, puisque davantage exposés aux marchés obligataires, tandis que d’autres réputés « dynamiques », en raison de leur exposition aux marchés actions, présenteront un risque plus faible.

Une approche pour combiner gestion quantitative et fondamentale

Dans ce contexte, l’approche « quantamentale » présente l’avantage d’offrir au gérant un cadre sécurisant dans lequel il peut inscrire sa stratégie. L’analyse fondamentale ne part pas d’une « feuille blanche » mai s’appuie sur les résultats du modèle quantitatif. Ainsi, le risque et la maîtrise de la volatilité sont intégrés en amont de la construction du portefeuille. Il s’agit d’identifier, à l’aide d’un modèle quantitatif, les actifs refuges et les actifs risqués. Les réponses évoluent vite et il faut être capable de repenser complètement la composition d’un fonds d’un mois sur l’autre. Une fois le « terrain de jeu » déterminé par le modèle qui alloue des budgets de risques pour chaque classe d’actifs, la gestion fondamentale s’effectue dans le cadre d’un scénario économique et financier prédéfini.

Ainsi, la philosophie de la gestion diversifiée consiste à s’appuyer sur un modèle quantitatif pour gérer les risques et sur des professionnels expérimentés pour générer de la performance. La vision fondamentale reste essentielle pour décrypter la complexité actuelle des marchés. Mais la construction d’un portefeuille ne peut, aujourd’hui, se dispenser