Des perspectives qui s’assombrissent…

Un net ralentissement de la croissance dans pratiquement toutes les économies développées : à l’orée de cette nouvelle année, les investisseurs ne sont pas très optimistes sur les perspectives économiques pour 2019 et 2020. La montée des incertitudes, tant commerciales que géopolitiques, inquiète…

Selon l’enquête ZoneFinance/Globalix réalisée auprès des grandes sociétés de gestion européennes, le consensus fait état d’une croissance mondiale moyenne de 3,7% pour 2018 mais de 3,5% pour 2019 et de 3,3% pour 2020. Le chiffre pour 2019 est inférieur à la prévision du Fonds monétaire international (FMI) qui table sur 3,7% en 2019 comme en 2018 (après avoir abaissé sa prévision de 0,2 point en octobre dernier) et au 3,6% attendu par les économistes de marché participant au consensus de Reuters.

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Le ralentissement est dû à deux régions : aux Etats-Unis, la croissance devrait passer de 2,6% en 2018 à 1,7% en 2020. Cette année là, c’est dans deux ans, plusieurs économistes n’excluent pas une récession, caractérisée techniquement par deux trimestres consécutifs de contraction. Il faut dire que le pays est en expansion depuis juillet 2009. Certains investisseurs repoussent une telle éventualité et jugent que les autorités américaines feront tout pour l’éviter car cela précipiterait le monde dans la crise.

Quoi qu’il en soit, cela ne peut pas être exclu même si des experts assurent que les cycles, tels qu’on les connaissait, n’ont plus d’importance dans une économie du « on demand. » Mais comme la production est disséminée à travers le monde le moindre grain de sable peut enrayer la mécanique. Ainsi, les tensions commerciales, qui se traduisent par des taxes et des ripostes, pénalisent d’ores et déjà certains secteurs américains, dont l’agriculture. L’imposition probable de taxes sur le secteur automobile allemand entraînera des représailles de l’Union européenne contre Washington.

Au-delà, la consommation, qui tire la croissance américaine, commence à fléchir. Les querelles budgétaires ont abouti à un « shutdown » du gouvernement, qui est depuis le 12 janvier le plus long de l’histoire du pays, battant le record de 21 jours datant de 1995/1996. Le fait que 800.000 fonctionnaires se retrouvent sans revenus pèsera nécessairement sur la consommation et ce d’autant que Donald Trump a affirmé qu’il était prêt à un « shutdown » pendant des mois voire des années.

Le deuxième pays qui pèse est bien sûr la Chine, en pleine transformation de son économie pour moins dépendre des exportations. Selon le consensus, la croissance devrait passer de 6,5% en 2018 à 6,2% en 2019 et à 6% en 2020. Ces anticipations ne tiennent pas compte d’un durcissement du conflit commercial avec les Etats-Unis, qui pénaliseraient l’économie chinoise.

L’Union européenne subit les différents chocs (Brexit, tensions commerciales, Italie, etc.) et la croissance, attendue à 2% en 2018, devrait tomber à 1,6% cette année et à 1,4% l’année prochaine. La France, qui subit depuis l’automne la crise des « Gilets Jaunes », suit la tendance, de 1,7% à 1,5% puis à 1,4%. Ce qui va rendre plus compliqué un exercice budgétaire déjà difficile du fait des nouvelles dépenses publiques engagées par le président Emmanuel Macron. Le climat des affaires a "nettement fléchi" en décembre, tombant à son plus bas niveau en deux ans.

Dans ce contexte, qu’attendre des marchés d’actions ? En fait, après la correction enregistrée à partir de l’automne, les investisseurs s’attendent à un rebond des principaux indices boursiers.

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Si les actifs risqués, dont les actions, ont été délaissés en fin d’année au profit des actifs refuges comme les obligations souveraines, ils devraient susciter de nouveau l’intérêt. Mais les acteurs soulignent le retour de la volatilité. Il ne risque pas d’avoir de marché directionnel. L’opinion générale chez les gérants est qu’il faudra être sélectif en 2019 et fait du « stock picking » pour espérer générer des performances positives.