La récession de 2018 n’aura pas lieu !

par Cyrille Geneslay, Gérant Allocataire chez CPR AM

Ne voyez pas, dans ce titre aguicheur, la tentative maladroite d’un éditorialiste en manque d’inspiration de recycler un vieil édito pour le moins périmé. Voyez-y plutôt la mise en perspective du travail difficile de nos collègues, les stratégistes, qui lorsqu’ils ne sont pas de simples commentateurs de l’actualité doivent réussir l’impossible : combiner l’analyse des fondamentaux économiques de long terme avec les perspectives financières plus court-termistes, pour se forger de véritables convictions et nous livrer leurs brillantes analyses prédictives, matière première indispensable à toute décision de gestion.

La promesse est forte, les attentes élevées et les risques d’erreurs importants. Ainsi ils étaient 75% en 2016 à prophétiser une récession pour 2018 et sont encore 77% aujourd’hui à l’annoncer pour 2021…

Dans nos scénarios nous nous bornons à une analyse plus courte, limitant à 3 mois nos anticipations de marché et réduisant de facto les risques d’erreurs et de mésinterprétations d’une actualité en perpétuelle mutation. Notre scénario central anticipe, avec 50% de probabilité, la « stabilisation des marchés avec persistance des incertitudes ». Dans ce scénario d’attente, les principales échéances qu’elles soient politiques ou commerciales sont repoussées dans le temps. Les marchés d’actions et de taux se stabilisent sur leurs niveaux actuels et le dollar se déprécie lentement. La première alternative à ce scénario viendrait d’« accords commerciaux décevants » (15% de probabilité d’occurrence). Ce scénario catastrophe entrainerait les marchés d’actions à la baisse (entre -7,5% et -12,5%) et une détente sur les taux d’intérêt. L’optique d’un retour de « vives tensions politiques européennes dues au Hard Brexit et aux inquiétudes sur l’Italie » ne peut encore être écartée (20%).

L’impact négatif serait alors circonscrit aux actifs européens. Enfin, constatant que le formidable rallye de début d’année s’est réalisé dans des volumes relativement faibles, nous ajoutons un nouveau scénario de « poursuite de la hausse technique » qui anticipe la capitulation des plus pessimistes des investisseurs venant alimenter la hausse des marchés actions sur les prochaines semaines.