« Plus ça rate, plus on a de change de réussir »

par Cyrille Geneslay, Gérant allocataire chez CPR AM

Lorsque « Lucky Dave » a annoncé qu’il allait réaliser un référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Europe, il était persuadé de réussir le coup parfait : obtenir une renégociation avantageuse des accords le liant au vieux continent et couper l’herbe sous le pied du UKIP, le principal parti d’opposition, enterrant pour 20 ans toute velléité de sortie. Pour ce faire, la question devait être à la fois simple et importante, radicale et existentielle : le Royaume-Uni sera-t-il, OUI ou NON, un acteur de l’Europe au sein de l’Union. Dans la tête de David Cameron, la peur de la sortie devait l’emporter et son pouvoir se consolider. Mais la chance est volage et, le referendum fut perdu conduisant le UK vers une sortie prématurée.

Aujourd’hui, près de 3 ans après le vote, aucune réponse n’a été trouvée à cette question pourtant si simple. Theresa May peine à rassembler autour de son projet un parlement britannique particulièrement divisé, qui a successivement refusé le projet d’accord du gouvernement (3 fois), refusé l’idée d’une sortie sans accord, refusé l’idée d’un nouveau référendum et même refusé l’idée d’une quelconque modification de l’accord laissant le gouvernement pour le moins désemparé… Comme souvent dans ces cas-là, le temps ne fait rien à l’affaire et la date limite du 29 mars 2019 vient d’être prolongée… de 3 mois laissant à Theresa May l’opportunité de vérifier l’assertion Shadok : « En essayant continuellement, on finit par réussir, donc plus ça rate, plus on a de chance de réussir ».

Dans nos scénarios, nous devons donc maintenir, pour une durée extensible, notre scénario de « vives tensions politiques européennes dues au Brexit » (15 %). Scénario du pire pour l’Europe, mais qui n’aurait qu’un impact limité pour le reste des zones. Notre scénario central demeure inchangé, il anticipe la « stabilisation de la macro et des marchés avec persistance des incertitudes » (50 %). Dans ce scénario d’attente, les marchés d’actions, de taux et même le dollar se stabilisent sur leurs niveaux actuels. En dépit d’un nouveau mois haussier, nous conservons le scénario de poursuite de la hausse technique (15 %) et craignons toujours un « ralentissement prononcé chinois ou des accords commerciaux décevants » (20 %).