Commentaire d’actualité sur la COP 25

par Perrine Dutronc, Advisor Sustainable Investing chez Groupe La Française

Comme pour toutes les Conférences des Parties (COP) sur le changement climatique, la COP 25 est jugée cruciale. Et si c’est effectivement la COP 26 qui marquera un tournant décisif l'année prochaine, la conférence de cette année est essentielle car elle jettera les bases d'une révision des CDN – Contributions Déterminées au niveau National – c'est-à-dire des objectifs définis par chaque pays en matière de réduction des émissions de CO2. La COP 21 a été un succès en 2015, mais nous avons depuis lors réalisé que les engagements pris par tous les pays conduisaient à un monde 3° plus chaud que les niveaux préindustriels alors que les Accords de Paris énonçaient clairement une ambition de 2° d'augmentation des températures au maximum.

Des rapports récents nous ont démontré que nous avions perdu une décennie – de 2008 à 2018 – n'ayant aucunement réussi à réduire les émissions mondiales de GES[1] malgré de nombreux engagements et annonces. Cela signifie, selon un rapport de Nations-Unies Environnement publié en novembre, que nous devrons réduire encore plus rapidement les émissions mondiales de CO2 lors de la prochaine décennie 2020-2030 : -2,7% par an contre +1,5% par an ces dernières années. Ce rapport nous prouve qu’il existe hélas un fossé important entre l'ambition nécessaire et les objectifs que nous devons nous fixer d’un côté et ce que les pays se sont engagés à atteindre ou ce qu'ils ont accompli jusqu'à présent de l’autre.

Un autre enjeu majeur de la COP 25 sera la manière dont la Chine, ainsi que d'autres pays comme l'Inde, réagiront à la nécessité de relever leurs ambitions et leurs objectifs. Le dernier rapport Global Energy Monitor nous apprend ainsi que la Chine est de retour dans l’utilisation du charbon. Entre janvier 2018 et janvier 2019, la Chine a ajouté 43 GW à sa production d'électricité à partir du charbon, tandis que le reste du monde réussissait tant bien que mal à la réduire de 8 GW. Et avec 148GW de nouvelles capacités (de production d'électricité issue du charbon) d'ici 2030 la Chine ne rassure guère sur le futur. Ce d'autant plus si l'on considère que toute centrale au charbon entraînera des émissions de CO2 dites ‘bloquées’ et très élevées pendant les 40 prochaines années c’est à dire bien au-delà de 2050, qui marque la date clé à laquelle que notre planète devra avoir atteint la neutralité carbone.

Au-delà des engagements des pays, il est intéressant de comprendre ce que le changement climatique signifie en termes de risques et d'opportunités d'investissement. Au sein de La Française, nous pensons que les risques climatiques peuvent perturber gravement l'activité économique. Mais nous croyons aussi que le changement climatique crée des opportunités pour les entreprises qui fournissent ou permettent de mettre en œuvre des solutions répondant à l'urgence climatique.

Les secteurs à fortes émissions de CO2 comme le pétrole et le gaz, l'acier ou le ciment seront certes mis au défi, mais n’oublions pas que le passage à une économie bas carbone aura un impact sur tous les secteurs. Les risques climatiques sont susceptibles de se développer de manière « non linéaire », signifiant qu'il y aura des chocs économiques soudains, comme des événements météorologiques extrêmes, plutôt qu'une transition régulière. Il en résultera des gagnants et des perdants dans tous les secteurs.

Cependant, nous croyons que les secteurs fortement émissifs comprendront plus de perdants que de gagnants. Les gagnants de demain sont ceux qui ont déjà compris qu'une transition est nécessaire et qui ont commencé à agir en conséquence. Bien sûr, nous pensons que certains secteurs sont particulièrement intéressants comme l'informatique et le cloud computing ou les énergies renouvelables. Mais chaque secteur doit jouer son rôle et le nôtre, à travers notre centre de recherche expert Inflection Point by La Française, est d'être en mesure d'analyser et d'évaluer les entreprises et d'identifier les gagnants pour les aider à faire leur transition vers une économie bas carbone.

NOTE

  1. GES : Gaz à effet de Serre