Actions : une année décevante pour l’Europe

Les marchés actions américains ont aligné les records en 2014, la bourse chinoise (Shanghai Composite) a progressé de 53% et les grands indices européens ont fortement déçu les investisseurs, comme il fallait s’y attendre.
 
Les stratégistes et gérants participant au consensus ZoneFinance/Globalix anticipaient en janvier 2014 un S&P 500 à 1.932 points en moyenne. L’indice large américain a fini l’année à 2.059 points, soit 6,6% de mieux. Une performance exceptionnelle.
 
En revanche, les surprises ont été négatives en Europe : le DJ Stoxx 600 a fini à 342 points alors qu’il était attendu à 346 points, soit un décalage de 1,15%.  C’est pire pour l’Euro Stoxx : 3.146 points contre 3.312 points (-5%).
 
Les principaux indices nationaux ont également enregistré des performances décevantes : le CAC 40 a terminé à 4.273 points contre un consensus à 4.557 points (-6,2%), le Dax allemand à 9.806 points contre 10.162 points (-3,5%) et le FTSE britannique à 6.566 points contre 7.152 points (-8,2%).
 
La crise ukrainienne a eu un effet important sur le moral des chefs d’entreprise en Allemagne. Dans la première puissance économique européenne, l’investissement est en panne. La bourse en a subi les conséquences même si l’on peut penser que c’est technique. Le Dax est en effet monté jusqu’à 10.093 points début décembre avant de subir des prises de bénéfices. Les investisseurs prendraient-ils conscience que le pays exporte bien davantage vers l’Amérique du Nord et vers l’Asie que vers la Russie ?
 
Evidemment, l’Allemagne est pénalisée par la situation dans la zone euro, où la croissance est atone. En début d’année, le consensus était à 1% et tout laisse penser qu’on sera en dessous de ce chiffre. Les pays qui ont engagé des réformes séduisent de nouveau les investisseurs : la bourse espagnole a gagné 3,66% en 2014.
 
Malheureusement, ce n’est pas le cas partout. L’Italie, sous la conduite du président du conseil Matteo Renzi, fait preuve de bonne volonté mais le contexte politique national freine ses ardeurs réformatrices et les investisseurs perdent patience.
 
Plus préoccupant, la France parle de réforme mais refuse d’aller au delà de mesures cosmétiques totalement illisibles comme le Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE). Le président François Hollande fait le pari que la croissance permettra d’éviter les mesures douloureuses et impopulaires. 
 
Comme les taux d’intérêt auprès emprunte le pays n’ont jamais été aussi bas (0,86% fin décembre pour l’OAT à 10 ans), il pense qu’il a la confiance des investisseurs. C’est une erreur d’analyse. En réalité, depuis qu’ils ont été pris à revers, en juillet 2012, par le président de la BCE, Mario Draghi, les marchés pensent qu’il n’y a plus aucun moyen de tester la solidité de la zone euro car la banque centrale interviendra massivement. 
 
Faute de pouvoir pénaliser la France sur le marché obligataire, les investisseurs s’éloignent de son marché d’actions, qui souffre d’une décote. Même si les grandes 
entreprises françaises sont très internationalisées et bénéficient de solides positions, il y a le risque que le gouvernement impose de nouvelles taxes pour renflouer les caisses publiques désespérément vides. 
 
Si le CAC 40 a subi une contre-performance en 2014, c’est donc avant tout pour des raisons politiques.