Crédibilité budgétaire

Les Français font davantage confiance à Angela Merkel qu’à Nicolas Sarkozy pour éviter une nouvelle crise financière et économique, selon un sondage.

Les Français font davantage confiance à Angela Merkel qu’à Nicolas Sarkozy pour éviter une nouvelle crise financière et économique, selon un sondage. Ce désaveu du président français n’est pas étonnant et rejoint le scepticisme des marchés financiers.

Selon cette enquête Harris Interactive pour Le Parisien), les personnes interrogées font d’abord confiance aux citoyens (48%), puis à la chancelière allemande (46%), au Fonds monétaire international (41%), les entreprises (39%), le président américain Barack Obama (37%), l’Europe 36%) et enfin Nicolas Sarkozy (33%), qui devance le G8/G20 (27%), les agences de notation et les banques (17%) et les traders (6%).

Le chef de l’Etat avait été élu en 2007 sur la promesse notamment de réformer le pays en profondeur pour le rendre compétitif. Les investisseurs croyaient en lui et l’avaient plébiscité. Ils estiment aujourd’hui qu’il n’a fait aucune réforme structurelle – celle de la retraite devant être revue dans les prochaines années car le système sera de nouveau en déficit – et qu’il a creusé les déficits.

Nicolas Sarkozy rétorque qu’il a dû affronter une crise économique d’une ampleur inédite en 2008. Mais d’autres pays ont réussi à s’en sortir : citons l’Allemagne, qui bénéficie des réformes engagées au début des années 2000 par le chancelier social-démocrate Gerhard Schröder.

Le président français a donc perdu le soutien des marchés financiers, qui tablent désormais sur une dégradation prochaine de la note « AAA » de la dette française. D’ores et déjà, les investisseurs demandent des taux d’intérêt supérieurs pour prêter à la France (écart de rendement de 70 à 80 points de base par rapport à l’Allemagne sur les obligations d’Etat à 10 ans).

La situation va se dégrader car la croissance économique ne sera probablement pas de 2% en 2011 comme l’anticipait le gouvernement. Or, une activité moindre signifie des recettes fiscales moindres et davantage de chômage.

En outre, la perspective d’une dégradation de la note de crédit pèse sur le système bancaire, détenteur d’une partie importante de la dette française. Si les banques françaises sont fragilisées, elles auront du mal à prêter aux ménages et aux entreprises, ce qui risque de peser encore sur l’économie.

Pour rétablir la situation économique, il faut un effort national mais, tous les sondages le montrent, la population française ne fait pas confiance à Nicolas Sarkozy. Quand on réclame des efforts à tout un pays, il faut être exemplaire. Or, le chef de l’Etat est perçu comme quelqu’un qui ne se soucie pas de la gestion des finances publiques en dépit de son discours.

Quelques exemples qui le pénalisent : sa décision d’augmenter son salaire dès son arrivée et de s’attribuer une carte de crédit de l’Elysée ; l’achat d’un nouvel avion présidentiel ; l’octroi de la gratuité de la scolarité dans les lycées français à l’étranger ; la constitution d’un gouvernement pléthorique ; la création de postes de députés des Français de l’étranger alors que des sénateurs en sont déjà chargés. On pourrait multiplier les exemples.

Nicolas Sarkozy est arrivé à un stade où il doit choisir entre sauver les finances publiques avec un programme d’austérité et assurer sa réélection. D’où la tentation des demi-mesures. Mais en optant pour la première solution, il pourrait gagner ses galons d’homme d’Etat et, peut-être, l’emporter en 2012.