Des Français décidément prudents !

Le pessimisme est, de nombreuses études le montrent, est un sentiment  profondément ancré chez les Français et cela se traduit par une prudence que l’on peut juger excessive dans la gestion de leurs finances, surtout face aux grandes questions qui se posent au long de la vie.
 
Est-ce parce qu’ils ont l’impression d’être confrontés à un accroissement des inégalités ? Dans une récente étude, l’Insee souligne en effet que si le patrimoine immobilier et financier a doublé en moyenne pour l’ensemble des Français, il a baissé pour les 20% les moins favorisés. Parallèlement, les Français ont l’impression que la situation du pays se dégrade.
 
Selon un sondage OpinionWay réalisé pour Lyxor Asset Management, si 56% des personnes interrogées pensent que le système éducatif garantira au plus grand nombre d’avoir accès gratuitement à un formation de qualité, 47% seulement ont la même opinion pour le système de santé tandis que la proportion tombe à 31% pour le système de retraite.
 
Face à cette situation, ils sont 67% à estimer qu’ils devront compter avant tout sur eux-mêmes pour financer les grandes dépenses de la vie. A noter que 5% seulement prévoient de s’appuyer sur les pouvoirs publics.
 
Quelles sont les dépenses « difficiles » à assumer dans les prochaines années ?  En premier lieu, les sondés citent la fin de vie de leurs parents (83%), leur fin de vie (82%), les soins de santé exceptionnels ou non pris en charge (81%), la retraite (78%), les soins de santé exceptionnels des enfants (78%), l’accession des enfants au logement (78%) ou leur changement de logement tout au long de la vie (76%), les études des enfants (71%).
 
Les personnes interrogées jugent à 65% que les conseillers financiers (banque, assurance, etc.) ne proposent pas des produits et services innovants pour financer les grandes étapes de la vie. Elles citent du coup comme raisons les poussant à préparer ces financements le plus tôt possible la conscience qu’elles ne pourront compter que sur elles-mêmes (53%), la crainte de rencontrer des difficultés financières (33%), ou la volonté d’anticiper (32%).
 
Les moyens utilisés pour financer les grandes étapes de la vie sont essentiellement des produits financiers réglementés (Livret A, Livret de développement durable, PEL, CEL, PEP, Assurance vie) ou des liquidités.
 
Pour Lionel Paquin, directeur général de Lyxor Asset Management, « les résultats du sondage sont surtout très étonnants par leur ampleur. Les Français ont le sentiment d’être laissés à eux mêmes. »
 
Pour lui, face à ce qui est perçu comme une absence d’innovation de la part des intermédiaires financiers, « beaucoup de Français immobilisent leur épargne. » Or, comme le rappelle Jeanne Asseraf-Bitton, responsable de la Recherche Cross Asset chez Lyxor, « le problème qui se pose est que la rentabilité des placements sans risque a fondu, ce qui rend les choses plus difficiles. »
 
Si les spécialistes de la finance doivent réfléchir à de nouveaux produits, les pouvoirs publics doivent, eux, proposer un cadre permettant aux Français de prendre des risques. Pour le moment, ce n’est pas le cas. L’incapacité des pouvoirs publics, depuis des décennies, à réduire les dépenses publiques incite les Français à se montrer chaque année davantage prudents.
 
C’est un cercle vicieux que ne pourra être brisé que si le gouvernement se décide enfin à réduire le train de vie de l’Etat, ce qui permettra peut-être aux Français de regarder l’avenir avec confiance.