Economie et résultats peinent encore à convaincre

par Delphine Georges et Ibra Wane, stratégistes chez Crédit Agricole AM

Rebond du PIB US de + 3,5 % au T3, chiffres d’affaires et résultats meilleurs qu’attendu n’ont pas emporté la conviction des marchés, faute de certitude sur la pérennité du retournement.

En octobre, le MSCI World a reculé de 2,1 %, avec une baisse plus marquée en zone Euro (- 4,5 %), alors que la Grande-Bretagne (- 1,8 %) et les USA (- 2,1 %) retrouvaient leurs rôles plus défensifs.

Après un rebond quasi ininterrompu depuis sept mois, octobre aura ainsi marqué une rupture. Besoin d’une pause après un très fort rebond et doutes quant à la pérennité de la reprise naissante y ont vraisemblablement contribué. En revanche, les résultats ont dans l’ensemble tenu leurs promesses et au-delà.

Au plan macro, le rebond du PIB US au T3, bien que légèrement supérieur au Consensus (+ 3,5 % contre + 3,2 %), n’a pas emporté d’adhésion durable. En effet, hors soutien à l’automobile (1,5 % du PIB) et à l’immobilier (0,5 %), le rebond n’eût été que de 1,5 %.

Or, comme le plan automobile s’est interrompu fin août et le dispositif immobilier devait venir à terme fin novembre, le chômage progresse et le moral des ménages demeure fragile, la croissance apparaît vouée à retomber. Mais ceci ne devrait pas surprendre et la rechute du PIB dans les mois à venir pourrait s’avérer plus contenue que prévu dans la mesure où :

  1. le contrecoup des primes automobiles devrait s’avérer de courte durée,
  2. le dispositif immobilier serait finalement prolongé de 5 mois,
  3. l’effet stock demeurera puissant au cours des deux prochains trimestres.

Au-delà de ces aspects techniques, l’évolution de l’emploi décidera ou non de la diffusion de la reprise. Mais le stress financier en début de crise ayant conduit à un sur-ajustement, dès lors qu’il se dissipe, les destructions d’emplois devraient quasi s’arrêter en début d’année prochaine, ouvrant la voie à un rebond des capex (dépenses d’investissement) au S2 010.

Sur le front des résultats, 82 % des sociétés qui ont reporté affichent des résultats supérieurs aux attentes. Ceux-ci n’ont reculé “que” de 16 %, contre 23 % attendus, confirmant à l’occasion la décélération de la baisse des résultats depuis neuf mois.
Par ailleurs, à l’exception du secteur financier, la base de comparaison n’était guère aisée (+ 15 % hors Finances au T3 2008) ; aussi, dans ces circonstances, le recul de 19 % des résultats hors Finances, contre 31 % attendus, ressort comme une belle performance. Par ailleurs, alors que les résultats du S1 09 avaient été sauvés principalement par la réduction des coûts, ceux du T3 apparaissent plus convaincants avec une baisse du chiffre d’affaires de seulement 6 % contre 15 % au T2 09.