Fin du miracle chinois ?

Le Congrès national du Peuple en Chine a permis aux dirigeants du Parti communiste (PCC) de fixer de nouveaux objectifs économiques : le Premier ministre Wen Jiabao a indiqué q

Le Congrès national du Peuple en Chine a permis aux dirigeants du Parti communiste (PCC) de fixer de nouveaux objectifs économiques : le Premier ministre Wen Jiabao a indiqué que le gouvernement voulait maintenir l’inflation à un taux de 4% et visait une croissance annuelle moyenne du Produit intérieur brut (PIB) de 7% au cours des cinq prochaines années (2011-2015).

On peut ironiser en rappelant que le précédent objectif pour le PIB était une croissance de 7,5% et que le taux annuel moyen de ces cinq dernières années était de 11,2%. Mais on aurait tort.

Plusieurs changements ont eu lieu ces dernières années qui permettent de penser que la Chine n’a pas d’autre choix que de changer de modèle et que cela aura forcément un impact sur le reste du monde.

1) L’impact de la crise

Avec la crise financière qui a débuté en 2008, la Chine a pris conscience que son économie ne pouvait plus reposer uniquement sur les exportations. Les pays occidentaux, qui sont ses principaux marchés, ont longtemps vécu grâce au sur-endettement et le processus de désendettement engagé se traduit par une réduction des dépenses par les Etats et par les particuliers. La Chine est donc contrainte de rééquilibrer son modèle en favorisant la consommation interne, ce qui suppose de donner du pouvoir d’achat aux ménages.

2) Pouvoir d’achat et inflation

Les autorités chinoises ont longtemps cru que la croissance économique suffirait pour résoudre les problèmes sociaux. Leur raisonnement était le suivant : si le gouvernement favorise la constitution d’une classe moyenne et parvient à sortir des millions de personnes de la misère chaque année, la population ne sera pas tentée par des révoltes pour plus de libertés. Mais c’était sans compter sur l’inflation : la croissance soutenue favorise la spéculation et la hausse des prix à la consommation, notamment dans l’immobilier et l’énergie, appauvrissant une large part de la population. Or, si le Parti communiste chinois ne parvient plus à tenir sa promesse « Enrichissement avant la liberté », il perd sa légitimité. Wen Jiabao a pris conscience de ce danger et veut lutter contre l’inflation tout en ordonnant aux entreprises d’augmenter les salaires des salariés. Ceci aura pour effet de renchérir les produits fabriqués en Chine.

3) L’odeur de Jasmin

Même si le gouvernement chinois, contrairement aux pouvoirs en place dans le monde arabo-musulman, a veillé à ce que le développement économique profite à une grande proportion de la population et non seulement à une nomenklatura – la classe moyenne chinoise est composée ainsi de plus 300 millions de personnes sur une population de 1,3 milliard d’habitants -, l’appel de la liberté est irrépressible. Des internautes chinois font ouvertement référence à la Révolution de Jasmin qui a balayé Ben Ali et son clan en Tunisie puis Moubarak en Egypte. Le pouvoir chinois a renforcé la répression ces dernières semaines pour éviter de grandes manifestations contre le régime. Mais combien de temps le PCC pourra-t-il encore maintenir son pouvoir ?

Conclusion

Tout concourt à ce que le miracle économique chinois prenne fin dans les prochaines années. Les conséquences seront multiples : renchérissement du « made in China » d’où probablement pour des entreprises occidentales des délocalisations dans des pays à la main d’œuvre encore moins chère ; développement d’un marché domestique chinois, ce qui pourrait offrir des perspectives aux entreprises occidentales, notamment dans le secteur des biens de consommation ; instabilité politico-sociale de basse intensité (il y a déjà plusieurs milliers de révoltes dans les campagnes chaque année) sans exclure une explosion.