FMI : place à un « émergent »

Après la démission forcée de Dominique Strauss-Kahn, le poste de directeur général du Fonds monétaire international (FMI) doit-il revenir à un représentant d’un pays émergent ?

Après la démission forcée de Dominique Strauss-Kahn, le poste de directeur général du Fonds monétaire international (FMI) doit-il revenir à un représentant d’un pays émergent ? Sans aucun doute mais il faudra quelques garanties.

L’Europe s’est mobilisée pour placer l’un des siens au motif qu’elle est, globalement, le premier contributeur au budget de l’institution financière. Et elle souligne que les Etats-Unis contrôlent historiquement la Banque mondiale.

Mais le monde a changé et les deux grandes puissances économiques du XXème siècle doivent laisser leur place à ceux qui représentent l’économie d’aujourd’hui et de demain.

Il ne s’agit pas seulement de prendre en compte le nouveau rapport de forces : il faut une nouvelle vision des échanges économiques internationaux.

Aujourd’hui, les grandes puissances émergentes que sont la Chine, l’Inde et la Brésil, connaissent une croissance exceptionnelle et disposent de finances publiques saines alors que les Etats-Unis et les pays européens sont sur-endettés.

Longtemps chargé d’aider les pays du Sud, le FMI doit se concentrer aujourd’hui sur le sauvetage de la zone euro dont plusieurs membres – Grèce, Irlande, Portugal – sont quasiment au bord de la faillite tandis que d’autres – Espagne, France, Italie – sont confrontés à une dégradation exceptionnelle de leur situation budgétaire.

C’est pour cette raison que l’Europe souhaite placer l’un des siens à la tête du FMI. Elle évoque la ministre française de l’Economie, Christine Lagarde (mais celle-ci pourrait être mise en cause par la justice prochainement en raison de son rôle dans l’affaire Tapie), le président sortant de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, l’ancien président de la Bundesbank, Axel Weber.

Il ne fait aucun doute que ces dirigeants connaissent parfaitement la situation de la zone euro et surtout l’enjeu politique d’un sauvetage. Mais ne sont-ils pas trop impliqués justement pour oser des solutions innovantes ? Ne faudrait-il pas un regard neuf ?

De ce point de vue, la nomination d’un représentant d’un pays émergent créerait un choc salutaire. Un directeur général du FMI non européen étudierait la situation de la zone euro sans a priori et n’aurait pas peur de proposer des idées nouvelles.

Evidemment, on ne peut pas prendre le représentant de n’importe quel pays. Pas question d’avoir le représentant d’un pays non démocratique comme la Chine ou Singapour. En revanche, un Indien, un Brésilien ou un Sud-africain serait tout à fait légitime.

Outre le fait qu’un directeur général du FMI venant d’un pays émergent permettrait d’aborder avec un œil neuf, cela aurait aussi pour conséquence de faire prendre conscience aux Européens que le monde bouge et qu’ils n’ont plus beaucoup de temps pour s’adapter.