Inflation : à quoi joue la BCE ?

Il y a deux façons d’interpréter les dernières déclarations du président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, sur l’inf

Il y a deux façons d’interpréter les dernières déclarations du président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, sur l’inflation : soit il a voulu provoquer une baisse de l’euro, qui avait progressé contre le dollar suite aux événements en Egypte, soit il prépare l’opinion à une nouvelle approche de la stabilité des prix.

L’institut monétaire a laissé ses taux inchangés et Jean-Claude Trichet a souligné que l’inflation, qui a atteint 2,4% sur un an en janvier, allait « probablement rester au-dessus de 2% au cours de la plus grande partie de 2011 » et qu’elle redescendrait « vers la fin de l’année. » Rappelons que la BCE fixe comme limite 2%.

En janvier, le président de la BCE avait assuré que sur l’inflation il était en « alerte permanente », laissant supposer une hausse des taux.

Mais la situation économique n’est pas formidable. Dans sa langue de bois habituelle, Jean-Claude Trichet souligne que « le dynamisme sous-jacent de la croissance en zone euro reste positif » mais il est obligé d’admettre que l’incertitude demeure et que la reprise est « tempérée ». Dans ce contexte, un euro qui allait directement vers 1,40 dollar constituait un handicap pour les exportations, qui tirent la croissance de l’Allemagne, moteur de la zone euro.

On peut donc considérer que le propos de Jean-Claude Trichet sur le moindre danger de l’inflation est purement conjoncturel.

Pour autant, il faudra bien se pencher sur la façon dont la BCE traite la question de l’inflation. Aux Etats-Unis, la Réserve fédérale se concentre sur l’inflation sous-jacente, c’est-à-dire en excluant les éléments les plus volatils comme l’énergie et l’alimentation.

Le président de la Fed, Ben Bernanke vient de souligner une nouvelle fois que l’inflation sous-jacente (Core Inflation) avait été de seulement 0,7% en 2010 contre 2,5% environ en 2007, avant la crise. Pour lui, cela renforce la nécessité de maintenir les taux d’intérêt très bas pour une période prolongée d’autant que le taux de chômage est toujours proche de 10%, un niveau record pour le pays. Les investisseurs ont intégré cette donnée et ont devant eux un horizon dégagé.

Dans la zone euro, l’inflation sous-jacente était à 1,1% en décembre (les données de janvier ne sont pas encore disponibles). C’est supérieur au taux américain mais cela ne justifie pas un resserrement de la politique monétaire. Le problème est que la BCE a tenu le mois dernier un discours dur laissant entrevoir une hausse des taux avant d’assouplir ce mois-ci son appréciation.

Certains investisseurs se demandent si Jean-Claude Trichet, qui doit quitter son poste cette année, a perdu la main. Le plus probable est que le conseil des gouverneurs est tiraillé par des avis contradictoires. Le changement de président est une occasion rêvée pour définir une nouvelle méthode de communication.