L’optimiste invente l’avion, le pessimiste invente le parachute

par Emmanuel Auboyneau, Gérant Associé, et Xavier d'Ornellas, Gérant Associé Pôle Gestion Flexible chez Amplégest avec la participation de Jean-Michel Mourette, Economiste (Eureka Finance)

Depuis quelque temps les avis semblent très partagés sur l’analyse économique et boursière. Les pessimistes sont très présents et affirmatifs, dans un environnement politique et médiatique souvent anxiogène. Il faut dire que la matière dans laquelle ils puisent leur inspiration est vaste et solide : maturité du cycle économique américain, sans parler du risque imminent de récession dont certains nous rebattent les oreilles depuis des mois, inefficacité des politiques monétaires en Europe et au Japon, stocks de dettes des Etats inexpugnables, mise en œuvre proche du Brexit, risques politiques et géopolitiques divers, trop faible croissance des bénéfices des sociétés, marchés chers…

Ces risques sont bien réels, mais ils sont continuellement présents sous une forme ou une autre. Le monde sans risque est une illusion du même ordre que celle des tenants du « c’était mieux avant ».

L’optimiste a lui aussi des raisons de se réjouir aujourd’hui : le cycle économique américain se poursuit, avec le plein emploi, une consommation forte, un investissement qui devrait repartir, un revenu médian des ménages en hausse et un taux de pauvreté qui commence à diminuer. En Europe la croissance, quoique faible, est réelle et permet au chômage de reculer partout (sauf en France !). Et puis la Chine qui, pour les pessimistes, devait s’effondrer il y a un an, a finalement bien tenu. Elle poursuit sa transformation économique vers un modèle de croissance par la consommation domestique. Enfin les entreprises continuent d’innover, de se restructurer, de croître et de conquérir des marchés. Il y a des gagnants et des perdants, comme dans toute compétition économique.

L’auteur français Francis Picabia écrivait : « l’optimiste pense qu’une nuit est entourée de deux jours, le pessimiste qu’un jour est entouré de deux nuits ». Nous ne pouvons que partager cette vision, sachant qu’une même réalité peut être interprétée de différentes manières selon l’état d’esprit. Sans nous ranger parmi les optimistes béats nous constatons toutefois que la croissance mondiale est réelle et qu’elle devrait dépasser les 3% en 2017. Nous vivons dans un monde de plus en plus volatile où les chocs succèdent aux chocs, mais cette incertitude ne doit pas masquer la tendance de fond bien établie.

Il en est de même pour les marchés financiers où les raisons de ne pas investir sont toujours nombreuses. Les messages pessimistes sur notre continent sont d’ailleurs efficaces si l’on en juge par les sorties nettes de capitaux des fonds actions en Europe depuis plusieurs trimestres. Les flux vont notamment sur les actions américaines ou émergentes, mais ils contribuent aussi à augmenter les stocks déjà astronomiques investis en France sur des produits sans risque qui ne rapportent presque plus rien (fonds euro d’assurance vie, livrets A…). Le placement en actions reste pourtant rémunérateur à moyen terme, en dépit des crises régulières qui affectent les indices.

Aujourd’hui nous gardons dans nos portefeuilles une allocation actions structurellement importante. Nous restons toutefois réactifs sur cette poche en fonction des éléments de court terme. Le très faible rendement des placements monétaires et obligataires nous incite à prendre un risque maîtrisé avec de la gestion alternative et flexible, tout en conservant précieusement nos thématiques en actions. Nous avons récemment augmenté la part de nos investissements vers les zones émergentes pour bénéficier de la croissance économique et des opportunités sur les devises.

A long terme, les optimistes gagneront toujours plus que les pessimistes, et ils vivront plus heureux.