Le Japon peut-il se relever ?

Le séisme et le tsunami qui ont frappé le Japon le 11 mars et l’accident nucléaire qui a suivi à la centrale de Fukushima interviennent au moment où le pays est en train de perdre sa place sur la scèn

Le séisme et le tsunami qui ont frappé le Japon le 11 mars et l’accident nucléaire qui a suivi à la centrale de Fukushima interviennent au moment où le pays est en train de perdre sa place sur la scène économique internationale.

Il a été dépossédé l’an dernier de sa place de deuxième économie mondiale par la Chine.

Signe de cette perte d’influence, passé le choc de la catastrophe du 11 mars, les principales places boursières mondiales sont reparties à la hausse et se situent aujourd’hui au-dessus de leur niveau de fin 2010 (ce n’est pas le cas du Nikkei, qui est accuse un repli de 6,8%).

Les économistes estiment dans l’ensemble que les événements dramatiques que vient de vivre l’archipel auront un impact faible sur la croissance mondiale. Il faut dire que même si le Japon représente 6% environ du Produit intérieur brut (PIB) mondial son économie demeure plutôt fermée.

Le pays compte de grands groupes internationaux comme Sony, Toshiba, Toyota, Nissan (contrôlé par Renault) et Nintendo mais ces entreprises ont réussi parce qu’elles ont joué la carte de la mondialisation au cours de la dernière décennie.

Car, dans le même temps, le Japon n’a pas engagé de réformes structurelles, laissant son économie sous le contrôle de groupes de pression présents dans le secteur privé et dans l’appareil d’Etat. L’accident de la centrale nucléaire de Fukushima est une illustration de cette connivence entre autorités de tutelle et intérêts privés au détriment de la sécurité et d’une meilleure gestion opérationnelle.

Faute d’avoir restructuré son économie, le Japon vit donc depuis 20 ans dans une sorte de léthargie, la déflation s’étant installée durablement. Le pays porte une dette totale représentant 220% du PIB. Mais comme cette dette est détenue à environ 90% par les Japonais eux-mêmes, le pouvoir politique ne s’en est pas inquiété.

Quelles pourraient être les conséquences économiques de la catastrophe qui vient de frapper le pays ? Il faudra des dizaines voire des centaines de milliards de dollars pour reconstruire les zones touchées. Cela nécessitera des années et ce temps risque d’être fatal au Japon. Prenons un seul exemple : les entreprises occidentales de l’électronique viennent de se rendre compte qu’elles dépendaient de quelques fournisseurs japonais et qu’en cas de problème dans ce pays, comme c’est le cas actuellement, elles subissent une pénurie.

La Chine a décidé de profiter de cette situation en développant encore sa filière électronique. De fait, quand le Japon sera en mesure de jouer de nouveau son rôle, son leadership dans la région Asie-Pacifique aura été définitivement transféré à la Chine.

A bien des égards, le Japon est dans la même situation que l’Europe. Les deux géants économiques voient bien que le monde bouge autour d’eux, que les positions sont sans cesse remises en cause par de nouveaux acteurs. Mais ils sont incapables de changer et sont donc condamnés à un déclin lent mais irréversible.