Le pétrole cassera-t-il la reprise ?

C’est la question qui taraude tous les économistes depuis quelques semaines : quel sera l’impact du prix du pétrole sur la croissance mondiale alors que le baril de Brent

C’est la question qui taraude tous les économistes depuis quelques semaines : quel sera l’impact du prix du pétrole sur la croissance mondiale alors que le baril de Brent a touché jeudi 24 mars 119,79 dollars, son plus haut niveau depuis le 22 août 2008.

Même si le Brent a reflué autour de 112 dollars, les cours du pétrole sont orientés à la hausse du fait des révoltes dans le monde musulman. Selon des données du groupe britannique BP, les pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient représentaient 36% de la production mondiale et possédaient 61% des réserves prouvées en 2009.

Autant dire que cette région est cruciale pour l’approvisionnement du monde en pétrole. Les événements dans plusieurs pays producteurs ont provoqué une baisse des livraisons, estimée entre 500.000 et 750.000 barils par jour, soit moins de 1 % de la consommation mondiale, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

« Cette perte de production peut être compensée par l'OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole), mais le risque le plus redouté est une contagion des révoltes à d'autres gros pays producteurs, auquel cas le cartel ne sera plus en mesure de compenser l'impact », assurait l’AIE, qui regroupe les pays consommateurs.

Si les révoltes peuvent freiner la production, un autre scenario est redouté : celui d’un « backlash », un retour de bâton, pour les Occidentaux. D’ores et déjà, dans certains pays arabo-musulmans, il est question de punir les Occidentaux d’avoir soutenu des régimes autoritaires pendant des décennies. Les Etats-Unis et l’Europe ont en effet préféré longtemps la stabilité à la démocratie.

Le risque de sanctions de la part de pays producteurs n’est pas à écarter. En octobre 1973, l’OPEP avait déjà suspendu les livraisons de pétrole à l’Occident en raison du soutien de celui-ci à Israël. Cet embargo avait provoqué le premier choc pétrolier et avait déstabilisé les économies occidentales. Pendant la première guerre du Golfe, en 1991, les cours du pétrole avaient également monté et avaient fortement contribué à la récession.

Un tel scenario n’est pas envisagé à ce stade par les experts car même en cas de changement de régime politique les pays producteurs auront besoin de recettes pour financer les dépenses sociales et autres programmes d’investissement pour créer des emplois.

Mais cela n’empêchera pas les cours du pétrole de continuer à monter d’autant que la croissance économique demeure forte dans des pays émergents comme la Chine et l’Inde et que la reprise est réelle aux Etats-Unis comme dans plusieurs pays d’Europe.

Nul ne peut prédire l’évolution du pétrole dans les prochains mois mais tous les ingrédients sont réunis pour qu’une crise majeure affecte le marché pétrolier et, partant, l’économie mondiale.