Le risque politique traverse l’Atlantique

par Benoît Peloille, Multigérant chez VEGA IM

La visibilité quitte les Etats-Unis et revient en Europe. Attentistes sur le début de l’année en dépit de bonnes statistiques macroéconomiques, les gérants actions envisageaient l’Europe avec prudence en raison des échéances politiques majeures.

Après les élections néerlandaises rassurantes, les élections françaises et l’arrivée au pouvoir d’un président clairement pro-européen sont venues améliorer la perception du risque à l’égard de l’Europe.

A l’inverse, les doutes s’accumulent du côté des États-Unis alors que le marché avait salué avec enthousiasme l’élection d’un président qui portait un programme résolument pro-business. Or, dès les premières heures d’exercice, la présidence Trump s’avère plus compliquée que prévu. Entre les difficultés concernant la réforme de l’Obamacare (qui conditionne en partie les allègements fiscaux promis) et les rumeurs de collusion avec la Russie, le président américain est désormais sous pression, suspecté d’être intervenu dans l’exercice normal de la justice, si bien que la crainte d’une procédure de destitution n’est plus impossible. Si tout cela n’est pas de nature à remettre en cause la bonne santé de l’économie américaine, il est en revanche probable que l’exercice du pouvoir en sera sérieusement compliqué, et le risque de déception d’autant plus important.

L’Europe a rarement été aussi attractive en relatif

Outre la politique, l’Europe affiche une dynamique particulièrement intéressante en relatif aux États-Unis. Depuis plusieurs semaines, les bonnes surprises sur le cycle se raréfient aux États-Unis alors qu’elles se multiplient en Europe, à l’image des indices d’activité PMI qui confirment l’accélération en cours. Si l’économie américaine reste bien orientée (la déception sur la croissance au T1 est devenue une habitude statistique et ne remet pas en cause la trajectoire pour l’ensemble de l’année), force est de constater que le cycle se tasse légèrement. Combiné au risque politique et des marchés au plus haut, il n’en fallait pas plus pour entraîner des prises de profits.

Enfin le retour des profits en Europe

Outre la dynamique macro, les actions européennes bénéficient également d’une valorisation qui reste raisonnable, en particulier en relatif aux États-Unis. En effet, la décote de l’Europe s’élève à environ 15 % contre une moyenne autour de 12 % historiquement. Par ailleurs, les groupes européens, après plusieurs années de décrochages par rapport à leurs homologues américains, renouent avec les profits si bien que l’écart de profitabilité tend à se réduire en faveur de l’Europe. La dernière saison des publications a d’ailleurs confirmé cette tendance avec des résultats en nette progression et surtout des chiffres d’affaires qui ont largement dépassé les attentes (70 % de bonnes surprises).

Conclusion

Nous profitons de ce mouvement de flottement sur les marchés pour réitérer notre vue optimiste sur les actions européennes en relatif aux États-Unis. Nous avons d’ailleurs relevé notre recommandation sur la France suite aux élections. Les actions européennes ne montrent pas de signe d’euphorie en termes de valorisation et restent abordables en relatif aux actions américaines. Enfin, elles bénéficient d’une combinaison macro et micro favorable au retour des flux des investisseurs étrangers qui avaient déserté la zone en raison des craintes politiques (6,1 Md$ collectés dans les fonds actions Europe sur la semaine du 11 mai d’après les données de BOFA ML*).

NOTES

* Bank of America Merrill Lynch