Les émergents s’autonomisent

Les pays émergents peuvent-ils encore être attractifs alors qu’ils sont confrontés à un ralentissement au Japon, à des révoltes dans le monde arabe, à une montée du prix du pétrole ? En fait, oui.

Les pays émergents peuvent-ils encore être attractifs alors qu’ils sont confrontés à un ralentissement au Japon, à des révoltes dans le monde arabe, à une montée du prix du pétrole ? En fait, oui.

Car le basculement de l’économie se poursuit à une vitesse folle. Les échanges commerciaux sont un bon indicateur : les exportations des pays émergents vers les pays développés ne représentent plus que 55% environ de leurs exportations contre 65% en 1992.

« Fin 2011 ou début 2012, les pays émergents exporteront plus vers les pays émergents que vers les pays développés », souligne Sébastien Barbé, responsable de la recherche et de la stratégie Pays émergents chez Crédit Agricole CIB. Les matières premières représentent environ 50% de ces échanges mais la part des produits manufacturés progresse.

Dans ce contexte, les problèmes du Japon, qui vient de subir une terrible catastrophe naturelle suivie d’un accident nucléaire, ont un impact plutôt limité même si de nombreux pays asiatiques utilisent des produits japonais dans l’assemblage de biens destinés à l’exportation.

Et il faut noter que les grands pays émergents (Brésil, Russie, Inde et Chine, les fameux BRIC) ne subissent que peu de conséquences. De même, ils sont relativement épargnés par les révoltes dans les pays arabes. Car, comme le souligne Sébastien Barbé, les pays touchés par les mouvements populaires actuellement sont ceux qui combinent faible croissance économique et faible degré d’ouverture politique (Yémen, Bahreïn, Syrie, Egypte, Algérie mais aussi Koweït, Arabie saoudite). Or, les BRIC se développent à un rythme rapide, créant des richesses et créant des emplois.

Toutefois, si le prix du pétrole continue de monter, les pays émergents risquent de souffrir car leurs économies dépendent énormément de l’or noir alors que les pays développés ont réduit leur dépendance. Toute l’économie mondiale serait de toutes façons impactée.

Hors ce scenario que tout le monde cherche à éviter, les pays émergents disposent de solides atouts, en premier lieu la reprise dans les pays développés. En outre, les pays ont une situation financière enviable et peuvent utiliser les fonds disponibles pour soutenir la croissance domestique, via notamment des investissements dans les infrastructures.

L’évolution est telle qu’il faudra bientôt trouver un autre terme pour désigner les pays émergents car s’ils ont une structure interne encore déséquilibrée (avec souvent un poids énorme de la population rurale et une classe moyenne relativement réduite) ils ont fini d’émerger sur la scène économique internationale.