Les obligations convertibles devraient retrouver grâce aux yeux des investisseurs

par Jean-Philippe Hervieu, Gérant actions et obligations convertibles chez BFT IM

Dans un contexte de volatilité des marchés actions et de taux d’intérêts particulièrement bas, les obligations convertibles offrent des opportunités aux investisseurs désireux de maintenir une exposition aux actions. Ce marché bénéficie d’une solide dynamique d’émissions, alimentée par le retour de grands emprunteurs.

La dynamique du marché des obligations convertibles ne se dément pas. Après avoir enregistré un volume d’émissions de 11 milliards d’euros sur le marché primaire en 2018, la classe d’actifs a connu un début d’année florissant avec un total de 8 milliards d’euros d’émissions. Après un sérieux coup de frein au quatrième trimestre 2018, le marché des obligations convertibles a donc clairement repris sa marche en avant.

Il faut dire que les vents sont particulièrement porteurs pour la classe d’actifs. Dans le contexte actuel de guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine – un regain de tensions qui alimente les craintes sur la croissance économique mondiale et, donc, la volatilité des marchés actions –, les investisseurs ont certes réduit la voilure sur les actifs risqués. Mais dans un contexte de taux d’intérêts très bas, voire négatifs, rares sont ceux qui envisagent de renoncer purement et simplement à une exposition aux actions. Dans cet environnement, la convexité des obligations convertibles constitue un réel atout. Obligation classique avec un droit de conversion en actions, l’obligation convertible permet en effet aux investisseurs de profiter de la hausse des marchés actions tout en bénéficiant de l’effet amortisseur de l’obligation. Une asymétrie qui est particulièrement recherchée par des investisseurs en quête de rendement tout en limitant la prise de risque.

De solides moteurs de performance

L’attractivité des obligations convertibles est d’autant plus forte que plusieurs de ses moteurs de performance tournent à plein régime. En premier lieu, le niveau historiquement bas des taux d’intérêts, principalement en Europe, constitue toujours un réel facteur de soutien à la classe d’actifs. Une tendance qui ne devrait pas se retourner dans les prochains mois, la poursuite des politiques accommodantes des banques centrales ne laissant pas entrevoir de hausses de taux avant plusieurs mois voire années. Dans le même temps, sur le volet crédit des obligations, la tendance au resserrement des « spreads » offre aux obligations convertibles un réel potentiel de valorisation et d’appréciation à court et moyen terme.

Par ailleurs, la sensibilité des obligations convertibles aux actions demeure relativement modérée, se situant au milieu de la fourchette idéale comprise entre 25% et 45 % de sensibilité actions. Ce profil est de nature à offrir aux investisseurs la possibilité de bénéficier à plein de l’accélération des marchés actions. Ce niveau de sensibilité aux actions signifie avant tout que les obligations convertibles devraient être particulièrement protectrices en cas de coup de tabac sur les marchés actions. Mieux, les obligations convertibles continuent d’offrir des performances comparables à celle des actions sur une longue période (+12,62% sur 5 ans contre 15,25% pour les actions)1 avec une volatilité deux à trois fois inférieure2. La promesse de convexité des obligations convertibles est donc plus que jamais au rendez-vous.

Le retour de belles signatures

Par ailleurs, le gisement des obligations convertibles en Europe présente l’avantage d’être très bien diversifié, notamment avec le retour d’émetteurs provenant de différents secteurs d’activités et de tailles très variées. Autre fait notable de nature à rassurer l’investisseur : depuis deux ou trois ans, de grandes entreprises sont venues gonfler les rangs des émetteurs d’obligations convertibles, à l’instar de LVMH, Kering, Total ou encore Michelin. En quête de diversification de leurs sources de financement, ces entreprises cherchent surtout à bénéficier du contexte de taux d’intérêt particulièrement bas. Ce retour sur le marché des obligations de ces belles signatures contribue à améliorer la qualité de crédit des émetteurs. De fait, plus de la moitié des émetteurs d’obligations convertibles en Europe sont aujourd’hui notés « investment grade »3 ou équivalent, contre 25% seulement en 2015. L’univers offre donc à la fois une plus grande diversité et une meilleure qualité que par le passé, de quoi susciter un regain d’intérêt auprès des investisseurs.

La zone euro reste d’ailleurs le marché à privilégier à l’heure d’investir dans les obligations convertibles en comparaison avec le marché nord-américain. Ce dernier est en effet nettement moins diversifié du fait de la présence forte d’émetteurs provenant des secteurs de la technologie, de la santé ou des biotechnologies. La concentration des risques y est donc plus importante alors même que la sensibilité des obligations convertibles aux actions reste particulièrement élevée, autour de 55% à 60%. Dans un contexte de taux très bas et de marchés actions sous-valorisés, l’Europe offre des opportunités pour tout investisseur en obligations convertibles.

NOTES

1 Source Amundi. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures.
Performance de l’Exane ECI Euro du 30/06/2014 au 28/06/2019 : +12,62%
Performance de l’Euro Stoxx du 30/06/2014 au 28/06/2019 : +15,25%

2 Source Amundi. Volatilité de l’Exane ECI Euro du 05/07/2016 au 05/07/2019 : +4,25%
Volatilité de l’Euro Stoxx du 05/07/2016 au 05/07/2019 : +12%

3 Source Amundi : base agences de notation + notation interne bureau d’Analyse crédit d’Amundi Group