Les raisons de la nervosité des marchés sont diverses

par Pascale Auclair, Directeur Général de La Française AM

L’origine des doutes date de l’été et vient de la dégradation du momentum économique en Europe, et en particulier de l’essoufflement du moteur allemand face à l’atonie de l’ensemble de la zone euro et au ralentissement du commerce mondial. Le repli très significatif du prix du pétrole dans un contexte géopolitique tendu apparait en outre comme une alerte sur la dynamique de croissance mondiale. Ceci s’accompagne d’une incapacité de la BCE à inverser la tendance déflationniste, le recul de l’euro étant largement modulé par la baisse du prix des matières premières.

Plus récemment les minutes du FOMC ont fait part des doutes de la Fed sur la capacité de maintenir au niveau attendu la croissance américaine et le renchérissement du dollar qui freine la capacité de la Fed à guider l’inflation vers 2%.

La journée du 15 octobre a vu ces inquiétudes se matérialiser sous la forme d’annonces en deçà des attentes sur certains indicateurs US (ventes au détail, enquête sur l’activité manufacturière NY, prix à la production).

Le schéma économique que nous décrivions début octobre reste à ce stade notre schéma central : hypothèse d’une croissance mondiale plutôt en décélération, même si alimentée par la croissance américaine (et chinoise bien que sous pression également) et grevée par une dynamique européenne préoccupante. Le corollaire de cette vision des marchés soudain plus pessimiste sur l’économie américaine est un ajustement important des anticipations de relèvement des taux courts par la Fed l’an prochain. Ce qui sera, à terme, un facteur apaisant pour les marchés d’actifs risqués.

Les facteurs déclencheurs de ce stress boursier ne constituent pas une rupture versus notre scénario central, même si nous restons vigilants sur la dynamique de l’activité. Les volumes échangés hier montrent, dans le contexte décrit, l’importance des facteurs techniques et des flux, et la volonté de certains opérateurs de couper, à l’approche de la fin d’année, les gains engrangés sur certaines positions, alors que le jeu des banques centrales devient moins dominant.