Pour une notation par le FMI

Les dirigeants européens sont déchaînés contre les agences de notation mais au lieu d’essayer de casser le thermomètre ils feraient mieux de se pencher sur leurs propres responsabilités dans les diffi

Les dirigeants européens sont déchaînés contre les agences de notation mais au lieu d’essayer de casser le thermomètre ils feraient mieux de se pencher sur leurs propres responsabilités dans les difficultés actuelles de la zone euro.

L’appréciation sans nuance de Standard & Poor`s sur le plan français au sujet de la Grèce et la décision de Moody’s de dégrader de quatre crans le Portugal ont déclenché de vives critiques de la part des responsables politiques mais aussi de la part du président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet.

Ce dernier a dénoncé le caractère oligopolistique de ce secteur de la notation et le phénomène d’amplification des situations. Il a mis en cause la « très grande concentration des jugements », trois agences – Standard and Poor's et Moody's Investors Service et Fitch Ratings – se partageant ce marché particulier.

A la question de savoir ce qu’il faudrait faire, Jean-Claude Trichet s’est borné à déclarer : « Aucune solution ne peut être envisagée qui ne soit pas mondiale, parce que c'est d'un phénomène mondial dont nous parlons (…) Nous avons besoin d'un consensus au niveau international et il ne faut pas croire qu'il y a des solutions ultra-simples. »

Avec un tel raisonnement, on est à peu près certain qu’il ne se passera rien. Au lieu de se lamenter tout en prétendant vouloir réformer le capitalisme mondial, les dirigeants politiques devraient se concentrer de réfléchir à des solutions effectivement simples.

A quoi sert la notation du crédit ? A permettre aux investisseurs de juger de la solidité d’une entreprise ou d’un Etat. Les investisseurs, qui brassent des milliers de milliards de dollars, doivent placer leur argent et ils n’ont pas le temps d’examiner eux-mêmes la situation financière des entreprises et des Etats qui les sollicitent.

Les agences de notation sont-elles les seules à pouvoir faire ce travail d’analyse ? Non. En France, une société comme Coface dispose d’une base de données de plusieurs milliers d’entreprises notées. Et comme Coface est un assureur-crédit, son jugement est on ne peut plus fiable. Car en cas de défaut, c’est à elle de payer.

A l’échelle internationale, comme on l’a déjà expliqué ici, une institution financière analyse régulièrement la situation financière des Etats : c’est le Fonds monétaire international (FMI), qui prête de l’argent aux pays en difficulté.

Si les dirigeants politiques sont sérieux dans leur volonté de réformer le système de notation, ils devraient de toute urgence confier une telle mission au FMI et lui accorder les moyens nécessaires. Le FMI dispose déjà de plusieurs centaines d’économistes. Il pourrait mettre sur pied rapidement un outil d’analyse rigoureux permettant de juger de la solidité d’un Etat. Son jugement sera d’autant plus crédible que sa mission est d’aider les pays en difficulté. Enfin, il disposerait d’un a priori favorable par rapport aux agences de notation, qui demandent aux pays et entreprises de payer pour être notés.

Sans une initiative de ce genre, les déclarations des dirigeants politiques demeureront des incantations destinées uniquement à satisfaire l’opinion publique.