Protectionnisme ou réciprocité ?

Le secrétaire d’Etat français au Commerce extérieur, Pierre Lellouche, vient d’assurer au quotidien

Le secrétaire d’Etat français au Commerce extérieur, Pierre Lellouche, vient d’assurer au quotidien La Croix que le patriotisme économique n’est « pas un gros mot ». Et d’expliquer qu’« à qualité égale et prix égal, les grandes entreprises françaises doivent favoriser leurs sous-traitants français. »

C’est une approche un peu surprenante car dans une économie globalisée la qualité et le prix ne sont pas les seuls éléments à prendre en compte. Une entreprise française peut avoir intérêt à acheter des produits dans un pays donné parce qu’il veut s’y implanter. Cela s’appelle la réciprocité et sert les intérêts des deux parties.

En utilisant fréquemment le terme « patriotisme économique », qui est connoté négativement, les dirigeants français agitent inutilement un épouvantail d’autant qu’ils ne prennent aucune action concrète. Du reste, en dehors des déclarations d’intention destinées à l’opinion publique, ils n’ont jamais mis en œuvre une stratégie visant à forcer l’Union européenne à définir une politique en matière d’échanges commerciaux et de développement industriel.

L’Union européenne est seulement une zone de libre échange entre ses membres – ce qui est normal – mais aussi une zone ouverte aux produits et services venant d’autres pays sans aucune contrainte.

Or, sans faire de grandes déclarations, les dirigeants américains, chinois, coréens et japonais pour ne citer que ceux-là ont mis en place de véritables politiques industrielles visant à renforcer leurs positions.

Prenons le cas de la Chine. Ce pays est membre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et a profité de l’ouverture des marchés occidentaux à ses produits. Mais, comme viennent de le rappeler des chefs d’entreprise américains, un étranger ne peut pas investir librement en Chine. Il faut créer une co-entreprise avec des sociétés liées au Parti communiste ou à l’Armée populaire (APC).

Le président américaine Barack Obama, en recevant cette semaine homologue chinois Hu Jintao, a fermement rappelé que les entreprises américaines devaient pouvoir faire des affaires en Chine et a exigé de Pékin des mesures de lutte contre le piratage.

Il s’agit de défendre la réciprocité. L’Union européenne est un marché aussi important que les Etats-Unis pour la Chine. Il est donc temps que les dirigeants politiques exigent au minimum une réciprocité. Ce sera plus utile que d’évoquer publiquement le patriotisme économique.