Que vaut une pièce d’or ?

par Lorenzo Ballester-Barral, Directeur Général Délégué, Responsable des Gestions, de CCR AM (groupe UBS)

Après 7 ans en Andalousie, le jeune Juan dit à son patron « je dois vous quitter, il est temps pour moi de rentrer chez ma mère ». « Tu as été un bon ouvrier, voici pour toi une pièce d’or en échange de tes services » répond alors le patron.

Juan, fatigué mais heureux, se met en chemin sous la chaleur andalouse. S’approche alors un cavalier, « quel beau cheval » se dit Juan, « voilà qui me permettrait de rentrer plus vite ». L’affaire est vite conclue et Juan échange sa pièce d’or contre le destrier. 

Juan repart, mais sa monture se montre rapidement rétive et il est finalement jeté à terre. « C’est trop dangereux, je ne monterai plus sur un cheval ! » se dit-il.

Mais quelle chance ce serait d’avoir une vache, je pourrais avoir du lait pour mon voyage s’exclame-t-il en voyant dans un champ un paysan et son troupeau. À sa surprise, le paysan l’entend et accepte d’échanger un bovin contre son cheval. Juan reprend son chemin.

Malheureusement après quelques jours, la vache est épuisée et ne consent plus à avancer. Juan est désemparé. Passe alors un rémouleur qui lui propose de lui échanger sa vache contre des pierres à aiguiser. Juan tout heureux de pouvoir ainsi reprendre son voyage accepte promptement.

Notre voyageur arrive finalement chez sa mère et lui raconte ses tribulations et ses trocs successifs. Sa mère s’étonne « comment peux-tu être content ? Tu es parti avec une pièce d’or et tu reviens avec des pierres à aiguiser ! » « Mais j’ai gagné au change » réplique Juan, « je suis rentré et j’ai des outils qui m’offrent un métier pour la vie ».

Cette petite histoire a pour objet d’illustrer une fois encore l’un des paradoxes fondamentaux des marchés : la différence entre la valeur et le prix. Quel est le prix d’un cheval, d’une vache, d’une pierre à aiguiser ? Dans un marché parfait, le prix et la valeur devraient être identiques. Malheureusement nous sommes loin de ce modèle théorique, les marchés sont soumis aux bulles et aux comportements parfois (souvent ?) irrationnels de ses acteurs.

La clé de la gestion d’actifs et notamment de la gestion d’actions réside donc dans l’exploitation de cette dichotomie profonde des marchés. Voilà pourquoi nous sommes convaincus chez CCR Asset Management que le fondement de l’investissement est de faire justement la différence entre la valeur et le prix. C’est toute la valeur d’une gestion « value » de conviction.