Retour en grâce des actions européennes ?

En dépit des inquiétudes liées à la situation des pays émergents, les marchés d’actions en Europe résistent plutôt bien. De nombreux investisseurs parient sur une hausse dans les prochains mois alors que l’environnement économique s’améliore. Excès d’optimisme ?

Depuis le début de l’année, les principaux indices européens affichent des gains conséquents : +14% pour le CAC 40 français, +13% pour le Dax allemand, +12% pour le FTSE britannique, et même +10% pour l’Ibex espagnol et +9% pour le MIB italien.

Comme le faisait remarquer récemment à Paris Patrick Moonen, Senior Strategist Multi-Asset chez ING Investment Management (ING IM), la hausse entre juin 2012 et ce printemps a été alimentée par la politique monétaire des banques centrales.

Le mouvement peut-il continuer ? On peut noter que quand la Réserve fédérale américaine a annoncé, il y a quelques mois, qu’elle pourrait retirer certaines politiques de soutien, les marchés n’ont décroché que pour une courte période.

Est-ce à ce dire que quand la banque centrale américaine passera vraiment aux actes les investisseurs ne réagiront pas ? Pas sûr. On peut prévoir une correction à court terme d’autant que les indices affichent des hausses appréciables permettant des prises de bénéfices.

Mais pour Patrick Moonen, la baisse devrait être limitée, de l’ordre de 5% à 6%. Il se montre optimiste à plus long terme en jugeant que le cadre global devient positif pour les actions. A contrario, les obligations commencent à subir une certaine désaffection. Le Bund allemand, référence en Europe, a ainsi perdu 5% depuis le mois de mai. Peut-être le signe que la « grande rotation » (vente d’obligations et achats d’actifs plus risqués) a commencé.

La politique monétaire accommodante a soutenu les valorisations – le ratio cours/bénéfice est passé ainsi de 12,9 en juin 2012 à 15,6 au pic de cette année, en avril. La hausse devrait maintenant être alimentée par les fondamentaux : croissance des bénéfices, bilans solides, fusions et acquisitions…

Selon les estimations d’ING IM, les bénéfices devraient croître de 6% cette année en Europe (comme aux Etats-Unis) mais de 12% en 2014 contre 9% de l’autre coté de l’Atlantique. Le Royaume-Uni devrait faire aussi bien que l’Europe l’an prochain et le Japon mieux (17%). A l’inverse, les pays émergents sont en stagnation (+7% en 2013 comme en 2014).

Pour Patrick Moonen, l’Europe fait partie des cartes à jouer pour plusieurs raisons : l’accélération de la croissance des bénéfices mais aussi une valorisation plus faible qu’aux Etats-Unis – la décote étant encore supérieure à 30% – et, surtout, une amélioration de la situation économique, y compris dans les pays périphériques.