Surprenantes agences de notation

Le mois d’août 2011 aura été marqué par la décision de Standard & Poor’s de dégrader la note de crédit des Etats-Unis, ce qui a suscité un débat bienvenu sur le fonctionnement des agences de notation.

Le mois d’août 2011 aura été marqué par la décision de Standard & Poor’s de dégrader la note de crédit des Etats-Unis, ce qui a suscité un débat bienvenu sur le fonctionnement des agences de notation.

S&P, Moody’s et Fitch sont chargés d’évaluer les risques à prêter de l’argent à des entreprises ou à des Etats. En principe, c’est un métier très technique : il faut évaluer la capacité de l’emprunteur à tenir ses engagements.

Or, S&P a clairement pris une décision politique au sujet des Etats-Unis : l’agence a justifié sa décision par le blocage entre les démocrates et les républicains au Congrès au sujet du relèvement du plafond de la dette.

C’est d’autant plus surprenant que personne ne doute de la capacité de la première puissance économique mondiale à rembourser ses créanciers : son économie est très diversifiée et, surtout, elle dispose avec le dollar de la monnaie de référence et peut créer de la monnaie facilement. Du reste, les bons du Trésor américains sont plus que jamais considérés comme des actifs sûrs par les investisseurs, le taux ayant baissé ces dernières semaines alors que les marchés étaient dans les turbulences.

Pour Philippe Delienne, président de la société de gestion Convictions AM, l’attitude des agences de notation est plutôt surprenante. « Elles n’ont pas anticipé la crise. Elles ont toujours réagi avec retard et elles amplifient les mouvements. »

Paradoxalement, les agences de notation maintiennent à ce stade la note « AAA » de la France alors que les investisseurs ont déjà dégradé le pays : prêter à la France rapporte aujourd’hui environ 50 points de base de plus que prêter à l’Allemagne, la première étant jugée moins sûre que la seconde.

« La France n’est plus considérée par les marchés comme un vrai ‘AAA’ », constate Philippe Delienne.

Il faut dire que le gouvernement n’a pas réussi à mettre en place en vrai programme de réduction des dépenses, préférant, comme toujours, augmenter les impôts et ce dans un rapport de un à 10 (1 milliard d’économies, 10 milliards de recettes fiscales).

Cette stratégie est extrêmement dangereuse car l’accroissement de la pression fiscale, déjà importante en France, risque de casser le moral des ménages et des chefs d’entreprise, ce qui peut peser sur la consommation et sur les investissements. In fine, la croissance risque d’en pâtir, ce qui pourrait enclencher un cercle vicieux.

En outre, contrairement aux Etats-Unis ou même au Royaume-Uni, la France ne maîtrise pas sa politique monétaire, la Banque centrale européenne (BCE) contrôlant la planche à billets de la zone euro.

Face à cette situation, les agences de notation devraient dégrader la note de la France, une décision intégrée par les investisseurs. Bien sûr, le prestige du pays en souffrirait mais cela permettrait une prise de conscience chez les Français – en particulier les dirigeants politiques – sur la nécessité de réduire les dépenses publiques et de réformer le pays en profondeur.