Un Italien à la BCE ?

La perspective de la nomination de Mario Draghi à la présidence de la Banque centrale européenne (BCE), qui s’est renforcée ces derniers jours, suscite quelques inquiétudes parmi les investisseurs.

La perspective de la nomination de Mario Draghi à la présidence de la Banque centrale européenne (BCE), qui s’est renforcée ces derniers jours, suscite quelques inquiétudes parmi les investisseurs.

La désignation du successeur de Jean-Claude Trichet nécessite un accord européen. Le président français, Nicolas Sarkozy, a d’ores et déjà annoncé son soutien en faveur du gouverneur de la banque centrale italienne sans prévenir la chancelière allemande Angela Merkel, selon les media allemands.

Faute d’avoir un candidat depuis le retrait de la course d’Axel Weber, président de la Bundesbank, l’Allemagne pourrait être contrainte d’approuver le choix de Mario Draghi.

Celui-ci risque de subir quelques polémiques : il a été l’un des responsables de Goldman Sachs au début de la décennie 2000 et la banque d’affaires américaine est accusée d’avoir aidé la Grèce à maquiller ses comptes publics et donc à tromper ses partenaires européens. L’intéressé affirme qu’il n’était pas au courant des activités en Grèce et Goldman Sachs assure n’avoir rien fait d’illégal.

Mais, le plus problématique pour Mario Draghi est qu’il vient d’un pays jugé laxiste dans la lutte contre l’inflation – la hantise des Allemands – et dans la gestion des finances publiques. Lors de la mise en place de l’euro, l’Italie faisait partie des pays du « Club Med », selon l’expression des Allemands.

Pour rassurer les Allemands et les marchés financiers, il va donc devoir se montrer encore plus rigoureux qu’un Allemand. Cette situation n’est pas sans rappeler celle de Jean-Claude Trichet à son arrivée à la tête de la BCE. Lui devait faire oublier qu’il était Français et il a réussi en menant une politique conforme à celle que demandait l’Allemagne.

De fait, avec Mario Draghi à sa tête, la BCE risque donc de poursuivre une politique monétaire restrictive au motif de lutter contre l’inflation, ce qui continuera à doper artificiellement l’euro et donc à pénaliser les exportations et l’emploi.

Jean-Claude Trichet martèle que la BCE a pour unique mandat la stabilité des prix. Le problème est que cette politique de la BCE ne sert que quelques pays, en premier lieu l’Allemagne, qui disposent d’une situation financière solide et qui ont besoin d’une politique monétaire restrictive. Cette politique pénalise les pays périphériques qui traversent des difficultés comme la Grèce, l’Irlande, le Portugal.

Seul un Allemand ou un dirigeant européen venant d’un pays considéré comme sûr « monétairement » pourrait tenter de remettre en cause cette politique qui joue finalement contre l’idée européenne.