Zone euro : quelle crédibilité ?

Les chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro sont parvenus à un accord récemment sur les mécanismes financiers destinés à empêcher une nouvelle crise de la dette souveraine.

Les chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro sont parvenus à un accord récemment sur les mécanismes financiers destinés à empêcher une nouvelle crise de la dette souveraine. Est-ce suffisant pour rassurer les citoyens et les investisseurs ? Rien n’est moins sûr.

L’accord, dont on ne connaît que les grandes lignes, prévoit notamment que le Fonds européen de stabilité financière (FESF), qui fonctionnera jusqu'en 2013, sera doté d'une capacité effective de prêt de 440 milliards d'euros, et que son successeur – le Mécanisme européen de stabilité (MES) – disposera de quelque 500 milliards.

En échange de son feu vert à cet assouplissement, l’Allemagne a exigé un nouveau « pacte de compétitivité » visant à surveiller l'évolution des coûts des salaires, à inscrire dans les constitutions ou les législations nationales une règle limitant les déficits publics, à instaurer une règle liant l'âge de la retraite à l'évolution de la démographie, à harmoniser progressivement la fiscalité des entreprises dans l'Union européenne et à introduire des régimes de résolution des crises bancaires dans chacun des pays membres.

Ces informations ont laissé les marchés financiers dubitatifs – les permiers concernés puisqu’ils aident les Etats impécunieux à boucler leurs budgets – mais il faut dire que tout le monde avait en tête la terrible tragédie qui a frappé le Japon le 11 mars.

Mais on peut d’ores et déjà assurer que ce nouvel accord ne permettra pas de régler les questions qui pénalisent la zone euro.

Il faut dire que les Etats membres ont accepté d’appliquer une « conditionnalité » aux prêts accordés aux pays en crise ils ont immédiatement précisé que les éléments concrets de cette « conditionnalité » seraient fixés par les dirigeants politiques. Autant dire que cela permet tous les marchandages.

Comme le souligne l’économiste Gilles Saint-Paul (Toulouse School of Economics), qui intervenait mercredi 16 mars devant l’Institut de l’Entreprise, les investisseurs savent que « les contraintes politiques n’ont pas très bien marché dans le passé ». Ainsi, le système monétaire européen (SME) faisait l’objet d’élargissement dès que le Deutsche Mark s’appréciait trop par rapport aux autres monnaies dans les années 1990 ; les critères du Pacte de Stabilité (dette ne dépassant pas 60% du PIB et déficit public inférieur à 3%) n’ont pas été respectés non plus, y compris par l’Allemagne et la France.

Autant dire que la zone euro souffre d’un sérieux déficit de crédibilité. Pour convaincre les citoyens et les marchés financiers, les dirigeants européens doivent mettre en place un accord beaucoup plus contraignant avec des sanctions automatiques pour les pays ne respectent pas les règles acceptées librement. Mais une telle évolution suppose une harmonisation budgétaire et fiscale, ce qui signifie des abandons de souveraineté dans certains domaines.

Les dirigeants européens sont-ils prêts à prendre une telle décision ? Probablement pas alors que c’est la logique même de la création de la zone euro. C’est la raison pour laquelle, les accords annoncés régulièrement ne convaincront personne.