2009

C’est la saison des voeux et on se retrouve bien ennuyé car si vous n’avez pas aimé 2008, vous allez franchement détester 2009.

C’est la saison des voeux et on se retrouve bien ennuyé car si vous n’avez pas aimé 2008, vous allez franchement détester 2009. Tous les indicateurs le confirment : nous nous apprêtons à entrer dans la première année de récession globale depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé en novembre que la croissance mondiale devrait être de 2,2% en 2009. Selon les économistes, un taux inférieur à 2,5% voire 3% signifie qu’il y a une récession mondiale. Les pays émergents comme la Chine et l’Inde n’ont pas la possibilité de prendre le relais des pays occidentaux qui vont presque tous subir une contraction du Produit intérieur brut (PIB). Conséquence : le chômage va exploser : l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) pense qu’il y aura entre 20 et 25 millions de chômeurs de plus dans le monde d’ici 2010. Dans les pays membres de l’OCDE, un club qui regroupe les pays riches, le nombre de chômeurs devrait passer de 34 millions fin 2008 à 42,1 millions et le taux de chômage devrait atteindre 7,3% contre 6,3% fin 2008 et 5,5% fin 2007. Ces chiffres, bien qu’inquiétants, suffisent à récuser, du moins à ce stade, toute comparaison avec la grande crise de 1929, qui avait déclenché un effondrement de l’activité économique et qui avait précipité des dizaines de millions de personnes dans la misère en quelques années. Laquelle crise avait joué un rôle non négligeable dans l’arrivée d’Hitler au pouvoir en Allemagne et dans les guerres qui ont suivi. La crise de 2008 est-elle pour autant une crise classique ?

Le monde a connu des ralentissements violents dans un passé récent : l’explosion de la bulle boursière spéculative autour des valeurs technologiques en 2000 et 2001 ainsi que les attentats du 11 septembre 2001 à New York avaient provoqué une récession. Le PIB mondial avait alors réduit sa progression à environ 2% malgré la montée en régime des pays émergents. En 1991, après le déclenchement de la première guerre du Golfe, l’activité mondiale n’avait crû que de 1,4%. Tout étudiant sait que l’économie capitaliste fonctionne par cycle. On pourrait même dire que c’est l’essence du capitalisme : une innovation suscite l’engouement, provoque un afflux d’investissements, génère une surproduction jusqu’à ce qu’il y ait un ajustement. Mais la crise actuelle n’est pas classique : c’est la première crise vraiment mondiale depuis 1929 même si elle semble de bien moins grande ampleur. Jusqu’au début du XXIe siècle, les crises économiques étaient localisées : crise des devises en 1998 dans les pays émergents, bulle Internet en 2000 et 2001 dans les pays industrialisés par exemple. Une région du monde pouvait continuer à croître malgré une crise ailleurs. Ce n’est plus le cas : nous vivons dans une économie globalisée. Depuis quinze, les barrières commerciales ont été abaissées, les moyens de transport ont été développés, les moyens de communication permettent quasiment l’ubiquité et, surtout, les investissements ont inondé presque tous les pays de la planète. Les investissements directs à l’étranger (IDE) ont totalisé 1.833 milliards de dollars en 2007, selon la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED). Même si cette organisation tablait en septembre sur une baisse de l’ordre de 10% en raison de la crise, le montant devrait se situer aux alentours de 1.600 milliards. L’encours total des IDE représentait 26% du PIB mondial en 2006 contre 8% en 1990, selon l’OCDE. Principaux bénéficiaires de cet accroissement : les pays émergents. Bien que toujours minoritaire, leur part atteint désormais environ un tiers contre 22% en 1990.

Grâce à ces investissements massifs, les pays émergents ont pu prendre une place plus importante dans les échanges commerciaux mondiaux : la Chine est devenu ce qu’on nomme “L’Atelier du monde” tandis que l’Inde est devenue “Le Back-Office du monde” en se spécialisant dans les services, notamment informatiques, pour le compte d’entreprises occidentales. L’activité générée a permis de donner un travail à des millions de personnes qui ont ainsi pu nourrir leur famille. Des dizaines de millions de personnes sont sorties de la misère en Chine, en Inde, au Brésil, au Mexique ces dernières années. C’est un élément particulièrement important pour la stabilité du monde. Personne n’a donc intérêt à ce que ce développement s’arrête : les pays concernés parce qu’ils seraient touchés alors par des crises sociales d’envergure et les pays occidentaux parce que non seulement ils seraient privés de débouchés mais ils devraient faire face à des menaces de différentes formes (terrorisme, immigration massive, etc.) Ceci nous conduit à penser que cette crise sera résolue, comme toutes les autres crises de l’histoire du capitalisme. Comme le ralentissement est mondial, tout le monde est touché. Tout le monde a donc intérêt à oeuvrer pour trouver des solutions. Les pays émergents peuvent faire plus que d’habitude car ils ont accumulé des réserves de change considérables ces dernières années (2.000 milliards de dollars pour la Chine seule !). Pour éviter des risques sociaux chez eux et pour éviter des mesures de protectionnisme chez leurs partenaires occidentaux, ces pays exportateurs sont fortement incités à investir dans la relance. La Chine a d’ores et déjà promis de mobiliser 4.000 milliards de yuans (450 milliards d’euros) pour faire face au ralentissement économique. De quoi favoriser la consommation et développer ainsi le marché intérieur. Parmi les pays développés, le salut ne peut venir que des Etats-Uni. Même si, en proportion, le plan de 800 milliards de dollars (560 milliards d’euros) du président élu Barack Obama semble limité quand on sait que le PIB des Etats-Unis est trois à quatre fois supérieur à celui de la Chine, il est clair que la nouvelle administration va faire feu de tout bois pour relancer la machine. D”ores et déjà, Barack Obama a annoncé sa volonté de développer les énergies renouvelables, l’internet à haut débit et les infrastructures tout en soutenant la consommation. En Europe, le Royaume-Uni a décidé de jouer la carte de la consommation en baissant la TVA mais l’Allemagne est beaucoup plus prudente tandis que la France, faute de réformes structurelles ces dernières années, manque cruellement de moyens financiers.

Des ajustements seront sans doute nécessaires dans les prochaines semaines. 2009 sera donc une année particulièrement difficile mais tout le monde est déterminé à sortir de cette crise. Dans ces conditions, il n’y aucune raison de ne pas se souhaiter une bonne année.

 Rendez-vous le 5 janvier.