2017, l’année des actions européennes ?

Après une année 2016 mitigée, l’année 2017 pourrait-elle être celle des actions européennes ? Nombre de professionnels des marchés financiers le pensent. Mais il faudra opter pour le stock-picking car le consensus « buy side » de ZoneFinance/Globalix fait apparaître une prudence marquée concernant les indices boursiers.

A l’origine du relatif optimisme actuel, il y a la conjoncture une croissance mondiale attendue à 3,1% en 2017 et 3,4% en 2018 après 2,9% en 2016. Les représentants des sociétés de gestion tablent en moyenne sur une croissance de 1,4% dans la zone euro en 2017 (1,5% pour l’Allemagne, 1,3% pour la France, 2,2% pour l’Espagne).

C’est certes un tassement par rapport à 2016 (année pour laquelle les données définitives ne sont pas encore connues) mais c’est plutôt rassurant en raison des incertitudes liées au Brexit et à l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis. Du reste, le consensus table sur une croissance de 1,3% au Royaume-Uni en 2017 puis de 1,1% en 2018 contre 1,9% pour 2016.

Voir TABLEAUX CONSENSUS MACROS (3)

L’inconnue Trump ne semble pas inquiéter outre-mesure. Si le milliardaire devenu président n’a pas abandonné sa rhétorique belliqueuse, les investisseurs estiment que le Congrès ne le laisserait pas déclencher une guerre commerciale aux conséquences dévastatrices pour l’économie mondiale. La Chine a déjà lancé des mises en garde très claires.

Dans cet environnement, la zone euro va continuer à bénéficier de taux d’intérêt très bas et d’une inflation très faible. Certains pays, en particulier l’Allemagne, auraient largement les moyens d’une relance budgétaire pour soutenir la demande mais il ne faudra pas trop y compter.

Car l’année sera riche d’élections majeures – présidentielle en France, législatives aux Pays-Bas et en Allemagne – avec le risque d’une montée des populismes comme au Royaume-Uni et aux Etats-Unis.

Si les soubresauts politiques ont provoqué récemment une tension sur les taux longs, les marchés actions ont réalisé, somme toute, des performances honorables en Europe. Malgré le Brexit, le FTSE britannique a gagné 14,4% en 2016, le Dax allemand 6,8%, l’AEX néerlandais 9,4% et le CAC 40 français 4,9%. Les indices américains, eux, ont poursuivi leur envol : +8,5% pour le S&P 500, +13,54% pour le Dow Jones et +7,5% pour le Nasdaq.

Il ne faut donc pas s’étonner si les attentes sont plus modestes pour 2017 : +5% pour le Stoxx 600, +3% pour l’EuroStoxx, +3,3% pour le CAC 40, +3,6% pour le Dax, 2,8% pour le FTSE, 2,9% pour le S&P 500.

Voir TABLEAU CONSENSUS EQUITIES

On pourrait s’étonner de la divergence entre l’optimisme relatif sur la croissance mondiale et ces anticipations pour les places boursières. D’une part, il faut noter que les marchés actions ont bien performé ces dernières années et sont très bien valorisés. Comme le faisait remarquer Christophe Donay, Chef stratège de Pictet Wealth Management, récemment, le ratio cours/bénéfice (PER) du Stoxx 600 est de 14 contre une moyenne historique de 12. Aux Etats-Unis, le PER du S&P 500 est de 16,9 contre une moyenne historique de 14,1. Peut-on miser encore sur l’expansion des multiples ?

En fait, il faut s’extraire des indices. François-Xavier Chauchat, responsable de la recherche économique chez Dorval, évoque un « malentendu » à ce sujet. Il souligne que les profits macro-économiques (excédent brut d’exploitation des sociétés non-financières de la zone euro) sont au plus bas depuis 2005 mais que les bénéfices par actions des entreprises de l’EuroStoxx 50 sont au plus bas. Il y a un écart de 45% entre ces deux indicateurs. En outre, l’EuroStoxx 50 ne réalise que la moitié de son chiffre d’affaires dans la zone euro et est donc faiblement exposé à la reprise.

Yves Maillot, directeur de la gestion actions européennes chez Natixis AM, estime que les valeurs de croissance sont redevenues abordables, leur PER relatif par rapport aux actions Value étant sous la moyenne historique.

Comme la plupart des gérants, il fait remarquer que les petites capitalisations disposent toujours du meilleur potentiel de croissance.

Au total, si les investisseurs font preuve d’un léger optimisme pour 2017, ils sont prudents en raison des incertitudes, essentiellement politiques, qui pèsent sur les différentes régions de la planète.