Bon sens et proportions : de la sélection de stratégies d’investissement

par Guillaume Dolisi et Laurent Pla, Co-fondateurs de VIA AM

Afin de mettre au point les meilleures stratégies d’investissement possibles, nous nous inspirons des plus grands investisseurs de l’histoire, en essayant de répliquer leurs raisonnements et leurs techniques. Le fonds VIA Absolute Return* a été conçu dans cette perspective.

Dans le cadre du fonds de performance absolue VIA Absolute Return*, nous sélectionnons et investissons dans des stratégies systématiques développées par de grandes banques d'investissement et disponibles sous forme d'indices. Ce fonds, lancé début 2016, a pour objectif de s’exposer aux meilleures de ces stratégies.

Au cours de notre parcours professionnel, nous avons participé au développement de ce type de stratégies, plus récemment appelées « Alternative Risk Premia ». En contribuant à l’essor de ce nouveau segment d’investissement, nous avons pu nous rendre compte de ses nombreux avantages, ainsi que de ses limites.

Les indices de stratégies couvrent un très grand nombre de sous-jacents (actions, obligations, matières premières, etc) et de styles (suivi de tendance, arbitrage, etc), leur coût total de création et d’implémentation étant souvent faible. Pour autant, le faible coût de développement des indices de stratégie fait aussi que leurs qualités varient grandement. Malgré cela, nous pensons qu’il est possible d’en extraire de la valeur, voire de la performance.

Il y a quelques années, nous avons identifié l’intérêt qu’il pourrait y avoir à offrir une sélection de type best-of au sein d’un fonds UCITS à liquidité quotidienne. Notre carrière passée dans le développement et la gestion de stratégies systématiques nous confère ici quelques avantages.

Sélectionner des stratégies d’investissement

Lorsqu’il s’agit de choisir les meilleures stratégies d’investissement, nous séquençons notre approche : d’abord en confrontant les stratégies avec le réel (avec au moins un an de performances solides postérieures au lancement) ; ensuite en entrant dans le détail de la méthode, avec une vision à la fois quantitative et qualitative.

En premier lieu, nous présélectionnons des stratégies ayant fait leurs preuves, dans des situations différentes, à des époques différentes. Nous privilégions même les stratégies qui « assument » une certaine simplicité. Puis nous analysons la méthode et cherchons à comprendre les liens de causalité entre les mécanismes de la stratégie et ses performances passées, de manière à comprendre les raisons pour lesquelles une stratégie fonctionne. Il est par exemple intéressant d'analyser le fonctionnement des stratégies de "primes de risque" suivantes :

  1. L’approche dite "value" : c’est l’idée qu’en moyenne, acheter un actif relativement peu cher offre plus de potentiel de performance qu’acheter un actif très cher. C’est ce qui s’appelle la « prime de risque value ». Néanmoins, il existe beaucoup d'indicateurs permettant de définir la cherté d'une entreprise en bourse, et ces différents indicateurs peuvent donner des messages divergents. Ce qui paraît assez simple en théorie peut donc se révéler très difficile à mettre en pratique : il existe donc de bonnes et de mauvaises stratégies de primes de risque « value ».
  2. L’approche dite "momentum" : sur les marchés financiers, les actifs affichant de bonnes performances au cours du passé récent ont tendance à poursuivre leur hausse. Pour autant, les stratégies de suivi de tendance ne fonctionnent pas dans tous les cas. Il est donc essentiel de jouer de nombreuses positions pour bénéficier d'un effet de moyenne. En contrepartie, l'exécution de ces nombreuses positions peu avoir un coût élevé et la stratégie peut être moins performante lorsque les encours gérés par les banques sur ces stratégies deviennent élevés. Notre rôle est donc, au sein de notre processus de gestion, de contrôler en continu les encours et leurs impacts pour éviter les mauvaises surprises.

Le risque des stratégies de performance absolue

Nous pensons que le risque des stratégies de performance absolue est particulièrement mal compris par les investisseurs professionnels. Si la volatilité de ce type de méthodes peut paraître faible, le risque d’accidents graves (sans possibilité de récupération) est souvent beaucoup plus élevé que pour la gestion traditionnelle, et notamment pour la gestion long only d’actions de qualité.

La gestion de performance absolue investissant dans des positions dites de relative value (long et short) porte un risque de perte infinie que la volatilité passée reflète peu, voire pas du tout. Le seul angle de la volatilité historique nous semble particulièrement mal adapté pour apprécier et comparer le risque de ces stratégies.

Nous sommes donc de farouches partisans du « dire stop » ! Une stratégie de performance absolue, même particulièrement robuste et fonctionnant depuis longtemps, doit être arrêtée lorsqu’elle sort de sa tendance historique. Compter sur le fait qu’elle est historiquement décorrélée d’autres stratégies ne suffit pas.

En somme, l’intérêt de ce nouvel univers d’investissement offert par les banques parait clair. Il nous semble que la proposition de valeur est pertinente et mérite une place dans une allocation d’actif « moderne », pour autant que les risques soient strictement contrôlés.

NOTES

*Le fonds UCITS VIA Absolute Return tente de répondre à ce défi en ayant pour objectif de s’exposer aux meilleurs indices de stratégie du marché, tout en contrôlant les pertes pour que la performance brute ne puisse pas baisser en deçà de -10% sur 12 mois glissants.