Banque d’Angleterre : un taux au plus bas depuis 1694

par Grégory Claeys, économiste au Crédit Agricole

  • La BoE a décidé d’abaisser son taux directeur à 1,50 %, son plus bas niveau depuis plus de 300 ans.
  • La situation économique continue de se détériorer : les prix immobiliers enregistrent des baisses records, la production industrielle s’effondre, tandis que les indices PMI restent à des niveaux historiquement bas.
  • Si la BoE insiste désormais sur le fait que les relâchements monétaires et fiscaux déjà consentis devraient avoir un impact significatif dès cette année, nous pensons néanmoins qu’elle devrait poursuivre la baisse de son taux directeur dans les mois à venir pour le porter à 0,5 %.

Comme prévu, la Banque d’Angleterre (BoE) a décidé d’abaisser son taux directeur de 50 pdb à 1,5 % lors de sa réunion du 9 janvier. Celui-ci n’était jamais passé sous la barre des 2 % depuis la création de la Banque en 1694. Dans le communiqué publié à l’issue de la réunion, la BoE justifie cette nouvelle baisse de taux par la dégradation de la situation économique mondiale, par la récession britannique qui devrait encore s’approfondir dans les prochains mois et par la décrue rapide de l’inflation (et des anticipations) liée à la baisse des prix du pétrole, à la détérioration de l’activité ainsi qu’à la réduction de la TVA depuis le 1er décembre.

Vers une récession généralisée

Les enquêtes et les données d’activité plaident en ce sens. Tout d’abord, la situation du secteur immobilier continue de se dégrader, en raison de la crise du crédit qui sévit désormais depuis près d’un an et demi. Selon l’indice Nationwide pour le mois de décembre publié cette semaine, les prix des logements ont d’ailleurs perdu plus de 17 % depuis le pic de septembre 2007.

Ensuite, à cette récession immobilière s’ajoute une récession dans le secteur manufacturier. La production industrielle s’est ainsi contractée pour leneuvième mois consécutif en novembre (-2,3 % m/m). Le PMI manufacturier (qui a atteint son plus bas niveau historique en novembre : 34,4), et la composante production anticipée de l’enquête CBI Industrial Trends (à son plus bas niveau depuis 1980, cf. graphique supra) suggèrent une poursuite de ce mouvement dans les prochains mois et une baisse totale d’au moins 10 % sur un an.

Quant à la confiance des entreprises, si les indices PMI se sont stabilisés en décembre (à 34,9 contre 34,5 en novembre dans le secteur manufacturier et à 40,2 contre 40,1 dans les services) contrairement à ceux de la zone euro, leurs niveaux historiquement bas plaident pour une poursuite de la récession dans la première moitié de l’année 2009. Après une baisse de 0,6 % t/t au T3, le PIB devrait encore reculer de 0,7 % t/t au T4 2008 et de 1,4 % sur l’ensemble de l’année 2009.

Ces perspectives de croissance fortement négatives devraient pousser la BoE à poursuivre sa baisse de taux. Une politique monétaire en bout de course Malgré une situation actuelle peu encourageante, le comité de politique monétaire (MPC) a néanmoins jugé bon de souligner dans son communiqué que les relâchements monétaire et fiscal mis en place ces derniers mois, combinés à la décrue de l’inflation et à la forte dépréciation de la livre sterling, devraient apporter un soutien significatif à l’activité tout au long de l’année 2009. En effet la baisse de la livre pourrait avoir un impact positif sur les exportations, ce qui pourrait venir en partie limiter les conséquences néfastes des récessions de ces principaux partenaires commerciaux.

Au final, le communiqué contient peu d’indications sur la stratégie future de la BoE et il faudra atteindre la publication des minutes pour en savoir plus. Néanmoins, les éléments à notre disposition actuellement semblent confirmer notre opinion selon laquelle le relâchement monétaire de la BoE devrait bientôt s’achever après deux dernières baisses de 50 pdb dans les mois à venir.