Une réponse monétaire et budgétaire combinée est la seule façon de faire face

par David Zahn, Head of European Fixed Income chez Franklin Templeton

La Banque centrale européenne a cherché à regagner sa crédibilité ce matin avec le lancement d'un plan d’urgence d'achats de 750 milliards d'euros en cas de pandémie. L'ampleur du programme est ce à quoi nous nous attendions de la BCE après une semaine de dislocation du marché obligataire européen. Cela porte le total du nouveau plan d’urgence d'achats à 870 milliards d'euros, ce qui devrait suffire à calmer les marchés des obligations d'État. Nous pensons que cela devrait être bénéfique pour les dettes italiennes, espagnoles et grecques, mais aussi que cela devrait resserrer les écarts des autres obligations d'État européennes. Cela démontre également que la BCE continuera à dévoiler des mesures pour combattre les perturbations du marché résultant de la pandémie.

Le programme d'assouplissement quantitatif accru, combiné aux mesures annoncées par la BCE la semaine dernière, devrait être très favorable à la zone euro. Nous nous attendons à ce que la politique reste extrêmement accommodante et à ce que la BCE soutienne les marchés. "

"L'UE a également annoncé une enveloppe de 55 milliards d'euros pour aider à soutenir les liquidités des entreprises dans la lutte contre le coronavirus, ce qui est trop faible pour la zone euro et qui devrait encore augmenter. Toutefois, l'UE laissera une certaine souplesse au pacte de stabilité et de croissance afin de permettre aux gouvernements d'apporter une réponse budgétaire à la pandémie qui balaie l'Europe. Certains pays ont déjà pris des mesures : l'Allemagne a assoupli sa politique de "black zero" et s'est engagée dans une politique de "nous ferons tout ce qu'il faudra", en utilisant principalement la KFW (la banque de développement de l'État) pour fournir des liquidités illimitées aux entreprises touchées par la crise. Le package allemand devrait s'élever à environ 460 milliards d'euros, mais pourrait atteindre 550 milliards d'euros (15 % du PIB allemand). En outre, l'Espagne et la France ont annoncé des packages de 200 et 300 milliards d'euros, respectivement. L'Italie a jusqu'à présent annoncé une enveloppe plus modeste, mais nous prévoyons une enveloppe plus importante et plus complète prochainement. Des discussions ont eu lieu pour qu'une obligation "pandémique" soit émise au niveau européen avec des garanties croisées pour lutter contre la crise. "

"Compte tenu de l'arrêt soudain des économies européennes, nous nous attendons à un impact considérable sur le PIB cette année. Ces circonstances et l'incertitude quant à la durée du blocage en Europe obligent les responsables politiques européens, tant à la BCE qu'au niveau de l'UE et des différents gouvernements, à faire preuve de créativité et à continuer à annoncer des mesures permanentes pour lutter contre les retombées économiques de la lutte contre la pandémie. À notre avis, une réponse monétaire et budgétaire combinée est la seule façon de faire face à cet événement systémique."