BCE : la bataille de la crédibilité

La Banque centrale européenne (BCE) va devoir batailler au cours des prochains mois pour affirmer sa crédibilité alors qu’elle devrait se concentrer sur les moyens de fac

La Banque centrale européenne (BCE) va devoir batailler au cours des prochains mois pour affirmer sa crédibilité alors qu’elle devrait se concentrer sur les moyens de faciliter la sortie de la crise.

C’est la conséquence de la décision d’Axel Weber de se retirer de la course à la succession de Jean-Claude Trichet, dont le mandat s’achève cette année. Les investisseurs l’ont bien compris, qui ont fait baisser l’euro dès l’annonce du départ du banquier central allemand.

Axel Weber, qui est orthodoxe doté d’un caractère rugueux, a été victime d’un veto de plusieurs pays européens, au premier rang desquels la France, qui n’a pas supporté qu’il critique le rachat par la BCE de la dette publique et qui redoute sans doute aussi une politique monétaire plus restrictive qui la pénaliserait la première car elle n’a pas réalisé ces dernières années les réformes structurelles nécessaires.

Mais la France, qui s’est réjoui par la voix de Christine Lagarde, ministre de l’Economie, du retrait d’Axel Weber, risque de perdre sur les tous tableaux. Le nouveau président de la BCE ne sera pas Français ni même sensible aux desiderata français : il n’aura pas d’autre choix que d’être un « faucon » et donc de resserrer sa politique monétaire s’il veut assurer sa crédibilité sur les marchés financiers.

On ne sait pas encore à ce stade qui prendra la succession de Jean-Claude Trichet. On parle de l’Italien Mario Draghi mais il a contre lui le fait d’avoir été un dirigeant de la banque Goldman Sachs, mise en cause dans la crise financière, et de venir d’un pays du sud. Or, la BCE a déjà un vice-président portugais, Victor Constancio.

L’Allemagne, première puissance économique européenne et dont l’appui est indispensable pour sortir la zone de la crise, voudra sans doute un banquier central d’Europe du Nord.

Quel qu’il soit, le nouveau président de la BCE devra passer plusieurs mois à rassurer les investisseurs internationaux pour que ceux-ci continuent de prêter de l’argent à des Etats européens impécunieux.

Il devra aussi tenir compte des demandes de l’Allemagne. Ce pays a réalisé des efforts considérables après la réunification pour améliorer la compétitivité et elle en recueille aujourd’hui les fruits. Sa situation économique est enviable mais présente des risques : la croissance est très forte (3,6% en 2010 contre 1,5% pour la France) et le taux d’intérêt principal de la BCE, qui est à 1%, est trop faible dans une telle situation.

L’Allemagne a donc besoin d’un resserrement monétaire pour éviter toute surchauffe. Le prochain président de la BCE ne sera sans doute pas Allemand mais il devra bien comprendre l’Allemagne.