Bruxelles contre l’innovation européenne

Les principaux candidats à l’élection présidentielle en France ont décidé de remettre en cause le dogme européen de la concurrence et c’est une bonne nouvelle quand on voit comment la Commission européenne fait tout pour affaiblir l’industrie européenne.

Bruxelles a indiqué mercredi 14 mars avoir demandé à cinq grands opérateurs historiques des télécoms en Europe des informations sur les « conditions de standardisation des futurs services de communications mobiles ».

On a bien lu : il s’agit de services qui n’existent pas encore. Il n’y a donc aucun problème de concurrence à ce stade mais cela n’empêche pas les technocrates européens, qui dans l’ensemble n’ont jamais travaillé dans une entreprise, de sommer France Télécom, Deutsche Telekom, Telecom Italia, Telefonica et Vodafone de leur transmettre des informations sur ce qui pourrait être fait dans les prochains mois.

Les grands opérateurs se réunissent pour discuter de la standardisation des technologies, de la création d’une plateforme unique de distribution de contenus numériques ou encore des moyens de forcer les géants (américains) de l’Internet comme Google ou Apple ou Yahoo à contribuer au financement des réseaux qu’ils utilisent sans payer un centime d’euro aux opérateurs.

On imagine que la Commission européenne a été sensibilisée par les groupes américains concernés qui veulent continuer à gagner le maximum d’argent en Europe sans participer à l’investissement et en payant le minimum d’impôt.

En cédant aux demandes des entreprises américaines, qui considèrent l’Europe comme une simple galerie commerciale, Bruxelles ignore deux sujets :

• L’innovation permet toujours à celui qui en est à l’origine de bénéficier d’une position de « monopole » sur un segment donné pendant un certain temps. Cette période permet une rémunération de l’innovation. Si on supprime par avance une telle possibilité, il n’y a plus aucune incitation à innover.

• Dans le domaine des technologies de la communication, l’Europe, leader dans les années 1990 de la téléphonie mobile, est désormais à la traîne des Etats-Unis, du Japon et de la Corée du Sud. Il faut encourager les entreprises européennes à investir de nouveau dans ce secteur crucial pour la compétitivité de l’économie.

Trois candidats à l’élection présidentielle française ont mis la compétitivité européenne au cœur de leur discours – François Bayrou, François Hollande et Nicolas Sarkozy. Le futur président doit impérativement exiger une réforme en profondeur de la Commission européenne afin que les technocrates cessent d’aborder la question de la concurrence sous un angle purement théorique et qu’ils ouvrent enfin les yeux sur le monde tel qu’il est.

Si rien n’est fait, l’Europe sera peu à peu marginalisée. Le plus dramatique est que cette marginalisation sera volontaire par la volonté de quelques dizaines de technocrates alors que le continent a tous les talents pour affronter les Etats-Unis et l’Asie.