Du e-commerce au g-commerce

En 10 ans, le site vente-privée.com est devenu un poids lourd de l’Internet en France et en Europe, caractérisant le passage du « e-commerce » au « g-commerce » (global commerce), c’est-à-dire la tran

En 10 ans, le site vente-privée.com est devenu un poids lourd de l’Internet en France et en Europe, caractérisant le passage du « e-commerce » au « g-commerce » (global commerce), c’est-à-dire la transformation radicale d’un secteur entier des services.

La bulle spéculative autour des valeurs technologiques a incité de nombreux jeunes à lancer pléthore de sites couvrant à peu près tous les domaines. Mais si certains avaient des compétences dans l’Internet ou dans le marketing peu connaissaient le secteur industriel dans lequel ils voulaient s’imposer. Et la plupart ont échoué.

Jacques-Antoine Granjon, fondateur de vente-privée.com, répète qu’il a 26 ans d’expérience dans le déstockage, ce qui a lui a permis incontestablement de ne pas faire d’erreur de développer un site qui compte aujourd’hui 14 millions de membres en Europe (dont10 millions en France) et qui vend 150.000 produits chaque jour.

Le site devrait réaliser cette année un chiffre d’affaires de 1,1 milliard d’euros contre 970 millions en 2010, 437 millions en 2007 et 21 millions en 2004, date à laquelle il est devenu rentable. La marge évolue depuis entre 5% et 8% en fonction des années.

Ajoutons que l’entreprise n’a pas de dette et dispose d’une trésorerie de 150 millions d’euros, ce qui lui permet de financer son développement, notamment aux Etats-Unis où il s’est associé à American Express. Le P-DG exclut une introduction en bourse pour le moment.

Au-delà de ces chiffres, la réussite de vente-privée.com montre comment l’Internet a réussi à révolutionner un secteur a priori peu séduisant. Ecouler les invendus des marques était jusqu’ici un métier mobilisant des soldeurs un peu partout en France et chacun avait tendance à se spécialiser sur un segment particulier. Aucun n’aurait pu atteindre le chiffre d’affaires du site avec des magasins « en dur » à travers la France, sans compter qu’un tel développement aurait nécessité des investissements massifs pour trouver des emplacements.

Le site vente-privée.com a réussi à séduire les marques (il en revendique 1.400) au moyen d’une « mise en scène », avec notamment les ventes événementielles. Il y a une forte dose de marketing mais il y a aussi un savoir-faire logistique et une expérience du commerce.

Jacques-Antoine Granjon fait remarquer que quelque 500 sites ont voulu copier le sien ces dernières années mais qu’ils perdent encore tous de l’argent.

Comme souvent dans le monde l’Internet, la prime au premier arrivé joue mais pas seulement. Vente-privée.com n’a pas inventé une nouvelle activité : il a utilisé les nouvelles technologies pour développer une activité qui existe depuis que le commerce existe.

C’est la raison pour laquelle, pour reprendre la formule de Jacques-Antoine Granjon, on peut dire que l’on est passé du « e-commerce » au « global commerce ». Il ne s’agit plus seulement de créer un site et de vendre divers produits. Il faut avoir une réflexion globale sur tous les aspects du commerce (marketing, achat, logistique, etc.)

Vente-privée.com est un « pure play » comme Amazon, dont le fondateur, Jeff Bezos, nous disait il y a plus de dix ans qu’il voulait créer le « Wal-Mart de l’ère digitale ».

Mais le « g-commerce » est en train de révolutionner tout le secteur du commerce. Une marque ne peut plus aujourd’hui se contenter d’ouvrir un site Internet en espérant générer un chiffre d’affaires additionnel. Une entreprise commerciale doit mettre l’Internet au cœur de sa stratégie car les habitudes de consommation évoluent très vite.

La vente en ligne explose, pour tout ce qui est « numérisable » (musique, vidéo, etc.) mais pas seulement. Les consommateurs trouvent plus pratique de commander en ligne et ils sont en train de passer au « m-commerce » (Mobile Commerce) grâce aux Smartphones.

Les boutiques existeront toujours mais leur part dans le chiffre d’affaires va continuer de décroître au fil des ans. Tous les secteurs sont touchés : on vend désormais des lentilles de contact sur le Web. Seul l’alimentaire va demeurer encore quelque temps l’apanage des super et hyper marchés mais là aussi la révolution du « g-commerce » finira par s’imposer.