Faut-il encore investir dans les actifs risqués ?

par Julien Vincenti, Gérant Allocation d’Actifs chez CCR Asset Management (groupe UBS)

La notion d’actifs risqués englobe généralement les actions et les obligations d’entreprises. Elle exclut les obligations d’États qui sont souvent et un peu vite considérées comme parfaitement sûres. Certes, ces titres prémunissent leurs porteurs contre le risque de contrepartie qui a tétanisé les investisseurs à l’automne 2008, à quelques exceptions près dans l’histoire, dont l’Islande qui soumet en ce début d’année le remboursement de sa dette publique à l’approbation populaire.

Les emprunts étatiques portés jusqu’à leur échéance sont donc normalement remboursés mais restent soumis au risque de taux qui peut impacter fortement leur prix au cours de leur vie.

Beaucoup d’investisseurs ont arbitré tout ou partie de leurs actifs financiers vers ce type de supports en 2008 et se demandent légitimement s’il n’est pas trop tard aujourd’hui pour réinvestir sur les marchés d’actions après le parcours haussier observé l’an dernier. Choix difficile tant les incertitudes demeurent ici et là. Les problèmes dans lesquels s’empêtre l’Europe centrale, par exemple, pourraient pénaliser une croissance économique attendue bien peu vaillante une fois que prendront fin les mesures de soutien des gouvernements et les phénomènes de reconstitution des stocks. Aux États-Unis, c’est le niveau d’équilibre futur de la consommation intérieure qui préoccupe plus particulièrement.

Pourtant, à notre avis, les facteurs de soutien à une poursuite du mouvement d’appréciation des indices début 2010 sont plus forts que les risques identifiés et justifient un optimisme raisonnable dans l’allocation, qui se traduit dans les portefeuilles par une surexposition aux actions et aux obligations corporate au détriment du monétaire et des emprunts d’États. En effet, les conditions de financement bien meilleures qu’il y a un an et les valorisations toujours attractives rendent probable une reprise des opérations de fusions et acquisitions pour les prochains mois. L’effet retard de certaines analyses laisse également la place à de bonnes surprises sur les résultats, qui pourraient être exceptionnels et doublés d’anticipations nettement plus rassurantes.

Ces perspectives favorables et apaisées pourraient permettre une poursuite, sur la base de facteurs fondamentaux cette fois, du mouvement de rebond des indices jusque-là motivé par la simple correction d’une baisse excessive. Cependant, la discrimination entre les supports et entre les différents secteurs d’activité sera sans aucun doute prépondérante, bien davantage qu’elle ne l’a été au cours de l’année écoulée.