La croissance des résultats devra prendre le relais

par Delphine Georges et Ibra Wane, stratégistes chez Crédit Agricole AM

Depuis le 1er janvier, le MSCI World a progressé de 21%. A l'exception du Japon (-5%), les marchés occidentaux ont rebondi en ligne alors que les marchés émergents (+50%), tirés par les pays du groupe BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine), caracolaient.

Toutefois, quelle que soit la région, cette envolée s’est tarie depuis mi-octobre – avec -2% pour le Monde, -1% pour les USA, -2% pour l’Europe, -3% pour les émergents et même jusqu’à -10%pour le Japon – alors que l’économie et les résultats ont été globalement conformes voire meilleurs qu’attendu.

Comment interpréter ce hiatus et qu’adviendra-t-il en 2010 ?

A posteriori, la première phase de hausse, du plus bas du 9 mars au plus haut du 15 octobre, s’est déroulée grâce à une normalisation de l’aversion au risque, dont l’écart-type par rapport à la moyenne est repassé de 6 à 1, et au rebond des ratios quel que soit l’indicateur considéré (PE Trailing, Forward ou de Shiller) sans pour autant, compte tenu du cycle, qu’il nous apparaisse excessif.

Mais ces deux facteurs ayant été largement consommés, ce sont désormais les résultats qui devront prendre le relais sur fond de normalisation des stimuli monétaires et budgétaires et des niveaux des taux longs. Le marché semble donc devoir entrer dans une seconde phase de hausse, caractérisée par des rendements plus faibles et plus volatils, mais la tendance devrait demeurer globalement haussière sur les actions.

D’ici que les stratégies de sortie de crise commencent à se faire ressentir, soit a minima pas avant mi-2010, les nouvelles positives sur les bénéfices devraient continuer à soutenir le marché.

Après -35% depuis fin 2007, le consensus des analystes table sur un rebond des BPA (bénéfice par action) d’environ 25% en 2010 et 20% en 2011. Ainsi, en 2011, ceux-ci ne seraient plus que marginalement inférieurs à ceux de 2007, voire supérieurs aux États-Unis et dans les pays émergents.

Pour ce qui concerne 2010, ce rebond anticipé n’est peut-être pas aussi agressif qu’il y paraît car : 

  • en début de reprise, il peut être très fort et certains brokers commencent à avancer des prévisions de l’ordre de 40% sur 2010,
  • bien que l’économie soit molle, les résultats ont positivement surpris du fait de la modération des salaires, des gains de productivité et de la vigueur de la croissance chinoise,
  • enfin, compte tenu de faibles effets de base de certains secteurs comme la Finance, la Tech, le Pétrole et les Matériaux
  • la médiane des BPA 2010 est plus proche de 10% que de 20%, relativisant d’autant l'importance du rebond.

Dès lors, si les résultats peuvent être au rendez-vous, la lisibilité et la bonne exécution des « stratégies de sortie de crise » sera déterminante quant à l’évolution des marchés.