UEM : entre l’activité, le chômage et le moral, rien ne va plus…

par Sandrine Boyadjian et Frederik Ducrozet, économistes au Crédit Agricole

• L’effondrement des exportations est à l’origine du recul historique du PIB allemand au dernier trimestre.
• Les enquêtes de la Commission de février reflètent l’accentuation de la déprime en zone euro. 
• Le marché du travail continue de se dégrader, le taux de chômage en zone euro atteint 8,2% en janvier.

Le recul historique du PIB allemand au 4e trimestre 2008 a été confirmé à -2,1% t/t, mais le détail des composantes de la croissance révèle quelques surprises. Comme attendu, la consommation privée est restée relativement résiliente (-0,1% t/t) alors que l’investissement recule nettement (-2,7% t/t), en particulier pour les biens d’équipement (-4,9% t/t). La contraction des exportations est la plus forte depuis 1991 (-7,3% t/t), ce qui porte la contribution du solde commercial à -2,2% au T4, après -1,9% au trimestre précédent. Enfin, contre toute attente, les stocks ont contribué positivement à la croissance, ce qui pourrait annoncer une correction au T1. Les informations disponibles jusqu’ici confirment qu’une nouvelle contraction du PIB de l’ordre de 1% t/t est à attendre au 1er trimestre 2009.
 

Les enquêtes de la Commission européenne sont venues confirmer la poursuite de la forte détérioration du climat des affaires en zone euro. L’indice du sentiment économique (ESI) a baissé à un plus bas historique en février (à 65,4 après 67,2 en janvier), jamais enregistré depuis la création de cette enquête en 1985. Hormis l’indice dans le secteur du commerce qui s’est légèrement redressé (après la forte chute de décembre 2008), tous les autres secteurs ont enregistré une baisse du moral. Par ailleurs, la déprime des consommateurs s’est accentuée. Les perspectives personnelles de production restent mal orientées et les carnets de commandes continuent de se dégarnir. Cette enquête conforte donc notre scénario d’une nouvelle contraction de l’activité européenne en ce début d’année, et pourrait nous conduire à décaler dans le temps l’amorce de la reprise.

Le marché du travail continue de se dégrader, à des rythmes variables selon les Etats-membres. Le nombre de chômeurs a augmenté de 90 000 en France en janvier et de 40 000 en Allemagne (données harmonisées de février). Le taux de chômage remonte ainsi à 8,2% pour l’ensemble de la zone euro. La dynamique de l’emploi, quoique perturbée par un recours accru au travail à temps partiel, montre un net infléchissement en janvier. En Allemagne, le pic de l’emploi semble passé. Cette tendance a toutes les chances de se poursuivre au moment où les entreprises revoient à la baisse leurs perspectives d’investissement et d’embauche. Les composantes correspondantes des indices PMI confirment que les intentions d’embauche ont de nouveau baissé depuis le début de l’année, en particulier dans l’industrie.

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