Un nouveau « pays périphérique »… L’Allemagne ?

par Jean-Marie Mercadal, Directeur Général Adjoint en charge des gestions d’OFI AM

Le mois de novembre est étonnant : tout baisse, même les actifs considérés comme des valeurs refuge, L’or et, chose étonnante, les obligations allemandes. Dans ce marasme, on pourrait assister à un renversement de La notion risque/rendement entre les classes d’actifs.

La situation est pour le moins complexe. Les indicateurs économiques avancés (indices PMI auprès des chefs d’entreprise) sont orientés à la baisse, même en Chine, ce qui laisse augurer un ralentissement mondial sérieux.

En Chine, l’indicateur recule fortement et retrouve des niveaux atteints en 2009 ! Parallèlement, la crise des dettes souveraines au sein de la zone Euro ne se calme pas. La dette française a été touchée, ce qui n’est pas vraiment une surprise. En revanche, il est plus étonnant, dans le contexte actuel de grande aversion au risque, de voir les obligations allemandes reculer : leur rendement à 10 ans vient en effet de se tendre de près de 55 pb, passant de 1,70 à 2,25 % en quelques séances !

Il est évident qu’aujourd’hui, la question du rendement rapporté au risque se pose. Et de ce point de vue, on pourrait assister à un renversement des hiérarchies actuelles. Les investisseurs ne veulent plus acheter aveuglément de la dette allemande aux rendements si faibles, même si elle paraît très sécurisante. Les marchés considèrent que, au final, l’Allemagne sera le garant de dernier ressort de la zone Euro. Rien n’est moins sûr toutefois. En comparaison, le crédit accordé aux États-Unis paraît fort, les taux à 10 ans restent à moins de 1,9 %.

Bref, l’environnement économique et financier est très compliqué et volatil. Difficile dans ces conditions de se positionner fortement sur les actifs « risqués », notamment les actions, même si leurs valorisations sont basses. Pourtant, cette classe d’actifs pourrait bénéficier d’un renversement de la notion de couple sécurité/rendement et les actions ont finalement un côté assez « sécurisant » (elles distribuent des dividendes, développent des forts savoir-faire, ont un champ d’activité mondial et sont indexées sur des actifs tangibles…). C’est peut-être encore un peu tôt dans l’environnement actuel.

En revanche, les obligations indexées contre l’inflation et les obligations convertibles nous semblent aujourd’hui très intéressantes et présentent un bon équilibre entre espoir de rendement et risque.

L’inflation implicite des obligations indexées a fortement baissé ces dernières semaines. L’inflation n’est pas la préoccupation essentielle des investisseurs aujourd’hui. Pourtant, nous avons la conviction que ce sujet sera bientôt l’une des préoccupations majeures des investisseurs au cours des prochaines années, pour deux raisons essentielles : d’une part, les politiques monétaires des grands pays occidentaux risquent d’engendrer une dévalorisation durable des monnaies par rapport au prix des actifs réels. Par ailleurs, la tendance à la hausse des matières premières semble inéluctable à moyen terme avec le développement des pays émergents, même s’il y a une pause actuellement…

De même, la correction récente redonne un profil très intéressant aux obligations convertibles : dans l’ensemble, leur sensibilité aux actions a baissé et s’établit autour de 20 pour le gisement (contre près de 40 en début d’année). Les rendements offerts deviennent également plus attractifs, autour de 3,5 % pour l’indice Exane. Elles présentent donc un caractère convexe particulièrement intéressant dans la période actuelle, d’autant plus que le prix des options implicites s’est également nettement réduit cet été… Enfin, n’oublions pas que cette classe d’actifs continuera à être recherchée car elle est faiblement consommatrice de fonds propres selon les règles « Solvency II ».