Vers 62.000 faillites aux Etats-Unis en 2009

par Douglas Collins, director Nafta (Amérique du Nord) chez Atradius

Les États-Unis sont entrés en récession en décembre 2007. L’économie est malmenée sur plusieurs fronts: hausse du chômage, diminution des dépenses de consommation, baisse de la confiance des consommateurs, sans parler de l’escalade dans les saisies de logements et de la réduction de l’activité manufacturière. Au quatrième trimestre de 2008, la croissance du PIB des États-Unis DP s’est contractée de 6,3%, les dépenses de consommation ont diminué de 4,3%, et les exportations ont chuté de 23,6%, soit le recul le plus marqué depuis 1971.

Pour le premier trimestre de 2009, les chiffres du PIB devraient être tout aussi médiocres, la hausse du chômage passant à 8,5% en mars 2009, et le secteur manufacturier continue de manifester des signes de faiblesse (les commandes de biens durables sont en retrait de 0,8% en mars 2009).

Durant la première semaine de mai 2009, les coûts d’emprunt des entreprises sont retombés à leur niveau le plus bas depuis octobre 2008, signe parmi d’autres que les efforts des pouvoirs publics pour restaurer les marchés de crédit sont efficaces. Les spreads des crédits interbancaires sont descendus à leur niveau le plus bas depuis la faillite de Lehman Brothers. Cependant, les banques restent peu enclines à prêter de l’argent. Les motifs d’incertitude demeurent: réserves de capital, qualité des actifs, valeur de marché des actifs détenus par les emprunteurs et qualité de leur crédit. Seules les entreprises les plus viables bénéficient actuellement du soutien des marchés de crédit.

Par rapport à 2007, les faillites d’entreprises ont augmenté de 49% à 30.000 en 2008. Ce phénomène dure depuis 10 trimestres consécutifs, et les prévisions ne sont guère meilleures pour 2009: le nombre de faillites devrait atteindre 62.000 cette année.

Le secteur automobile

Le secteur automobile est actuellement dans la tourmente aux États-Unis. Chrysler a demandé l’application du Chapitre 11 étant donné que les créanciers, les actionnaires et les obligataires ne sont pas parvenus à un accord à l’amiable. General Motors de son côté continue sa marche au calvaire malgré le soutien financier massif du gouvernement américain en sa faveur. La société dispose à présent d’un délai qui va jusqu’au 1er juin pour présenter un business plan viable pour sa survie, faute de quoi elle sera également placée sous la protection du Chapitre 11. Ford paraît bien se tirer d’affaires du point de vue liquidités à court terme, mais le nombre de véhicules construits cette année aux États-Unis devrait avoisiner 9,2 à 9,7 millions, soit bien moins que les 16-17 millions d’unités produites au cours des dernières années. Cette évolution a également gravement affecté le secteur des sous-traitants de l’industrie automobile.

D’autres secteurs en difficulté

1 – Les fabrications métalliques

Ce secteur est un fournisseur de l’industrie automobile et des biens d’équipement, en stagnation actuellement.

2 – La chimie

La demande, le déstockage, le niveau élevé des coûts et de l’endettement des entreprises de ce secteur ont eu un impact négatif sur les marges, les bénéfices et le cash-flow.

3 – La construction commerciale et résidentielle

Ce secteur doit faire face à l’assèchement du crédit et à une offre surabondante sur le marché du logement et des espaces de bureau.

4 – Le papier et l’emballage

La demande est en recul en raison du ralentissement de l’activité économique et du niveau élevé des coûts.

5 – Le commerce de détail

Ce secteur continue de subir le contrecoup de la diminution des dépenses de consommation et du niveau élevé du chômage.

Les perspectives économiques à court terme pour les États-Unis ne sont guère réjouissantes, mais on évoque la possibilité d’une légère amélioration dans la seconde partie de l’année 2009.