Les banques centrales gardent la main

par Emmanuel Auboyneau, Gérant Associé, Xavier d’Ornellas, Gérant Associé – Pôle Gestion Flexible, avec la participation de Jean-Michel Mourette, économiste chez Amplégest

L’économie mondiale poursuit son chemin de croissance au dessus de 3% en moyenne, en dépit de situations contrastées. Pourtant les Etats-Unis viennent de publier un PIB révisé à – 1% pour le premier trimestre 2014 et le doute s’est emparé de certains commentateurs, craignant une rechute de la première économie du globe qui entraînerait le reste du monde dans son sillage. Notre point de vue est différent, même s’il faut admettre que la volatilité des statistiques récentes rend difficile l’extrapolation d’une tendance.

Depuis quelques mois nous assistons à une succession de périodes défavorables (ex : décembre et janvier) suivies de périodes beaucoup plus favorables (ex : février et mars). Les aléas météorologiques et les variations erratiques des stocks expliquent pour beaucoup cette suite irrégulière de statistiques. Cela ne remet pas en cause la tendance de fond d’une croissance soutenue aux Etats-Unis. Deux données clefs à nos yeux nous permettent d’établir ce pronostic : les inscriptions au chômage, en baisse continue, qui donnent au marché de l’emploi une couleur positive, et les indicateurs avancés, au plus haut, qui permettent d’avoir une vision optimiste sur la deuxième partie de l’année.

L’investissement, toujours un peu faible, devrait repartir bientôt donnant plus de corps à la reprise actuelle.

La reprise américaine est incontestable, aux alentours de 2,5%, et elle pourrait même s’accélérer dans les prochains semestres. La politique monétaire de la Federal Reserve devra être suffisamment fine pour réduire progressivement les injections de liquidités, sans provoquer de hausse significative des taux d’intérêt. Le terrain est encore fragile et nous pensons que les autorités monétaires seront prudentes dans leurs décisions futures. La hausse des taux courts et des taux longs aux USA, si elle n’est pas maîtrisée, est certainement le péril numéro un pour les marchés financiers américains dans les mois qui viennent.

L’Europe inquiète d’avantage. Hormis l’Allemagne toujours solide, la zone euro patine. Les réformes entreprises dans les pays périphériques vont dans le bon sens mais leurs effets sur l’économie se font attendre. La France a pris du retard dans sa politique de réduction des dépenses et dans ses réformes structurelles et pâtit d’un contexte politique de plus en plus tendu. Mais le mouvement est en marche malgré tout. L’Europe reste une zone hétérogène mais on peut considérer qu’elle se trouve globalement aujourd’hui dans un cycle économique comparable à celui des Etats-Unis il y a trois ans. Si la BCE joue son rôle et mène une politique proche de celle de ses consoeurs américaine, japonaise et britannique, nous pensons que la croissance va progressivement accélérer au cours des prochains trimestres. L’Europe devrait aussi éviter la déflation grâce à l’action de monsieur Draghi qui reste, plus que jamais, le maître du jeu sur qui reposent nos espérances. Ses récentes décisions et ses dernières prises de parole nous confortent dans l’idée que les marchés actions en Europe gardent du potentiel en dépit d’une valorisation qui n’est plus aussi attractive qu’il y a un an.

Notre préférence en termes d’allocation va donc aujourd’hui vers la zone dont l’économie est la plus faible, à savoir l’Europe. Peu ou pas de risques sur les taux, une devise qui devrait enfin baisser, et une croissance qui va progressivement accélérer, tels sont les arguments en faveur de notre continent.

Par ailleurs les grandes entreprises américaines et européennes ont beaucoup de cash à investir ce qui, conjugué aux taux d’intérêt durablement bas, devrait favoriser de nombreuses opérations de fusions acquisitions (ex récent de l’opération General Electric/Alstom) Les valeurs de croissance et particulièrement celles qui gardent la capacité à ajuster leurs prix compte tenu de leur leadership, devraient regagner du terrain après six mois de sous performance par rapport aux valeurs cycliques. Cela profitera à notre fonds Amplégest Multicaps, géré sous l’angle du pricing power. La probable hausse du dollar doit également nous faire envisager des investissements sur des positions courtes dans cette devise (monétaire, obligations très courtes).