par Alexandre Tavazzi, Stratégiste Monde chez Pictet WM
«Il y avait tant d’inconnues», expliquait Neil Armstrong en décrivant les 13 minutes nécessaires à l’alunissage d’Apollo 11, il y a 50 ans. Aujourd’hui, c’est au tour des banquiers centraux, embarqués dans un autre type de mission, de sonder les territoires inexplorés de la politique monétaire. Et en attendant l’ « atterrissage » des taux d’intérêt, les investisseurs aimeraient pouvoir s’appuyer sur du concret. La nouvelle vague de politiques accommodantes atteint progressivement les marchés émergents. Ainsi, les autorités monétaires indiennes, sud-coréennes, sud-africaines et indonésiennes ont toutes assoupli leur politique la semaine dernière, et les banques centrales du Brésil, de Turquie et de Russie ont laissé entendre qu’elles leur emboîteraient le pas.
Ces alignements en série sur la détente de la Réserve fédérale américaine (Fed) profitent à nos positions en dette émergente libellée en monnaies locales, cette classe d’actifs s’étant particulièrement bien comportée la semaine passée. A noter que nous continuons de sous-pondérer les actions émergentes dans l’attente d'un redressement des perspectives de croissance et de bénéfices.
Confirmant le ralentissement observé après un bon premier trimestre, la Chine a enregistré au deuxième trimestre la plus faible croissance de son PIB depuis vingt ans. Mais, éléments rassurants, la croissance nominale a commencé à se redresser et les indicateurs du mois de juin pour le second semestre pointent vers une stabilisation de la consommation. Les autorités chinoises devraient adopter de nouvelles mesures propres à stabiliser la croissance sans provoquer un fort rebond, d’où le maintien de nos prévisions d’une progression du PIB de 6,3% en 2019.
Du côté des marchés développés, 16% environ des grandes capitalisations américaines ont déjà publié leurs résultats pour le deuxième trimestre. Solides pour les banques, les chiffres ont été plus contrastés pour le reste du marché. Alors qu’il faudra des résultats bien supérieurs aux attentes pour pousser les actions vers le haut, nous pensons que seules quelques déceptions suffiront à entraîner le marché à la baisse. Les perspectives sont donc asymétriques. En l’absence d’un relèvement des estimations bénéficiaires, les banques centrales demeureront le principal soutien des valorisations. La réunion de la Banque centrale européenne cette semaine et celle de la Fed la semaine prochaine seront déterminantes pour les marchés, dans un contexte de risque politique accru, lié à la désignation du prochain chef de file des Tories au Royaume-Uni. Au vu de ce qui précède, nous restons prudents à l’égard des actions et recherchons des opportunités plus porteuses ailleurs.