par Franck Sabbah, Responsable du développement des activités de gestion d’actifs chez Berenberg
Le millésime 2023 aura été volatile pour le compartiment des petites valeurs. L’appétit des investisseurs pour certaines vedettes de la cote contraste avec la faible valorisation de pépites offrant des business model prometteurs. Dans ce contexte, certaines «small caps» hexagonalesoffrent des opportunités d’investissement aux investisseurs suffisamment patients.
Les petites capitalisations ont suscité peu d’intérêt de la part des investisseurs en 2023 avant un rallydurant les mois de novembre et décembre, ces derniers redoutant l’impact de la remontée des taux sur ce compartiment de la cote. Le bilan janvier 2022- octobre 2023 est même très négatif et il faut remonter à la crise financière de 2007-2008 pour retrouver un environnement aussi dégradé. Certes, certaines entreprises endettées ont subi ce mouvement de hausse des taux mais il existe également de nombreuses «small caps» beaucoup moins impactées, voire pas du tout, et qui pourraient rebondir plus vite qu’on ne le croit. Il convient donc de faire le tri entre les valeurs qui maîtrisent leur endettement et ont la capacité de réaliser une croissance rentable au cours des prochaines années et celles qui subissent le contexte actuel.
Au niveau global, le compartiment des «small caps» offre les valorisations les plus basses atteintes en dix ans, souvent avec une décote de 40% par rapport aux cours d’il y a deux ans. Si une mauvaise surprise peut toujours arriver, il nous semble raisonnable de considérer que ce marché des petites capitalisations a intégré les mauvaises nouvelles et devrait pouvoir profiter de meilleures perspectives, dans une optique de moyen-long terme.
Visibilité et «pricing power» chez Interparfums et Virbac
En France, nous avons identifié plusieurs pépites, à commencer par Interparfums. La société élabore et fabrique des parfums de prestige pour des grandes marques de luxe via des contrats de licence très profitables (Montblanc, Jimmy Choo, Coach etc.). L’entreprise a réussi à concevoir des parfums appuyés sur des marques fortes, très captives, et qui rendent l’industrie du luxe accessible à un grand nombre de consommateurs. Interparfums bénéficie sur son marché de barrières à l’entrée relativement fortes. Les parfums reconnus bénéficient d’une relative stabilité de leurs ventes, peu impactées par l’inflation et permettant au parfumeur français de réaliser une croissance annuelle supérieure à 10%. La signature d’un partenariat récent avec Lacoste renforce la visibilité de la valeur. Entre 2018 et 2022, le chiffre d’affaires d’Interparfums est passé de 455 à plus de 700 millions d’euros. Entre 2022 et 2021, les ventes étaient en hausse de 26% et le résultat opérationnel a progressé de 33% à 132 millions d’euros. En Bourse, la valeur a beaucoup baissé au cours de l’été et jusqu’en octobre.
Quant à Virbac, ce spécialiste de la santé animale évolue sur marché particulièrement attractif. Les Français raffolent de leurs animaux de compagnie et le budget consacré à leur santé a tendance à augmenter année après année. Si la valeur a été fortement chahutée au cours des deux dernières années, la capitalisation boursière de Virbac a doublé en cinq ans. Cette année, le laboratoire vient de relever ses objectifs et s’inscrit dans une dynamique positive. Outre son positionnement sur un marché aux barrières à l’entrée élevées, Virbac peut s’appuyer sur une forte présence à l’international. Entre 2018 et 2022, le chiffre d’affaires de l’entreprise française est passé de 850 à 1,2 milliard d’euros (résultat opérationnel de 180 millions d’euros l’an dernier), tout en s’appuyant sur une trésorerie nette et une génération de cash-flow en augmentation.