Etats-Unis : dégradation de la rentabilité domestique des entreprises

par Laurent Berrebi, Directeur des Etudes Economiques de Groupama Asset Management

L’indice ISM manufacturier perd 7 points, à 53,5, enregistrant sa plus forte chute mensuelle depuis le début des années 80. Sur ces deux derniers mois, tous les indicateurs avancés se sont violemment retournés, confirmant le coup de frein brutal que nous anticipions sur la croissance et qui devrait durer jusqu’à l’automne.

La récente dégradation de la rentabilité domestique a provoqué un durcissement des conditions de crédit pour les PME, les obligeant à ralentir fortement leurs investissements en NTI et à réduire leurs créations d’emplois qui au global sont passées de 180 000 à 80 000 en un mois. Parallèlement à la poursuite de la montée de l’inflation, à 3,6% en mai, le pouvoir d’achat se dégrade, handicapant la consommation des ménages pendant encore plusieurs mois. La nouvelle accélération d’activité que nous anticipions pour l’été est repoussée mais devrait bien avoir lieu sous l’impact de la baisse conjuguée des taux longs et des cours du baril.

Dans les prochains mois, l’environnement devrait cependant demeurer très incertain pour les marchés, à cause de la fragilité du système bancaire qui continue à souffrir de l’insuffisance de ses réserves face à l’encours de ses créances douteuses et qui pourrait durcir les conditions de crédit aux ménages suite à la remontée du chômage.

Zone euro : le retournement des indicateurs avancés qui a débuté pourrait être brutal

La croissance a été dynamique au premier trimestre (+0,8% T/T, après +0,3%), tirée par l’Allemagne (+1,5%) et la France (+1%), mais pénalisée par l’Italie (+0,1%) et les pays périphériques. Les exportations sont restées un moteur de la croissance, mais le fort accroissement des importations a réduit la contribution nette de l’extérieur à 0.

L’investissement a rebondi sous l’effet principalement d’une normalisation de l’activité de la construction en Allemagne, après les conditions climatiques difficiles de la fin 2010. La consommation a bénéficié des reliquats de la prime à la casse en France, et de la hausse sensible des salaires contractuels en Italie. Après ce pic de croissance, l’activité devrait fortement ralentir, pénalisée par la demande intérieure.

Le rattrapage d’activité étant terminé, les dépenses de construction devraient baisser. L’investissement des entreprises en NTI devrait être affecté par la dégradation de la profitabilité des entreprises due à la réduction des gains de productivité. La consommation devrait se contracter, sous l’impact de la poursuite de la hausse de l’inflation, qui devrait enregistrer un pic à 3% en août, de l’arrêt de la prime à la casse en France et des politiques d’austérité et des réformes structurelles dans les pays périphériques.

Japon : le PIB devrait se contracter de 1,5% en 2011

Le PIB s’est contracté de 0,9% au premier trimestre après -0,8%, pénalisé par la consommation, l’extérieur et les stocks. En dépit du rebond industriel en cours, le PIB devrait de nouveau se contracter de près d’1% au deuxième trimestre. Le rebond industriel proviendra des exportations qui devraient nettement reprendre après leur baisse de 9% et de 8% en mars et en avril, due à la désorganisation de circuit économique suite à l’accident de Fukushima.

Cependant, la consommation des ménages devrait poursuivre sa tendance baissière : conséquence directe de la chute d’activité, la dégradation du pouvoir d’achat salarial s’amplifie, par le biais du nombre d’heures travaillées et de la rémunération moyenne. Les suppressions d’emplois devraient s’accélérer. Les ménages vont être également pénalisés par la poursuite de la remontée de l’inflation, due à la hausse marquée des prix de l’énergie conséquence des cours du baril et de Fukushima.

Les entreprises qui connaissent une détérioration de leur rentabilité sont en train de fortement réduire leurs dépenses d’investissement, comme le montre la chute des commandes domestiques de biens d’équipement en avril. Au total, la reprise ne sera pas au rendez-vous avant l’automne.