par Jean-Marie Mercadal, Directeur Général Délégué en charge des gestions chez OFI AM
2012 a marqué une étape importante dans le « film » de la crise « Des dettes », commencé en 2007. Cette fois-ci, les risques systémiques semblent définitivement derrière nous. Va-t-on dès lors passer d’une phase de marchés erratiques « Risk On/Risk Off) à une séquence plus calme guidée par les fondamentaux ? C’est probable et prometteur !
D’ailleurs, la volatilité cotée illustre bien cette transition : elle est à son plus bas niveau depuis 5 ans et se stabilise à moins de 15, alors qu’elle a oscillé entre 20 et 40 ces dernières années avec une pointe à 80 au paroxysme de la crise en 2008. Ce nouveau régime de marché auquel nous croyons va redonner de la valeur aux principes de diversification qui avaient eu tendance à disparaître durant les périodes de paniques boursières, nombreuses ces dernières années, où tout se corrélait rapidement. L’analyse fondamentale devrait, dans ce cadre, permettre aux gérants avisés de faire à nouveau des différences…
Ce début d’année se caractérise de plus par une plus grande visibilité : sur le plan politique, les deux premières puissances économiques mondiales (États-Unis et Chine) ont tourné une page importante avec des équipes en place pour plusieurs années. En Europe, les craintes au sujet de la pérennité de l’euro se sont considérablement amoindries. Sur le plan économique, les craintes de ralentissement dans les pays émergents, et particulièrement en Chine, se dissipent progressivement. Aux Etats-Unis, la question du « fiscal cliff » continuera à inquiéter les marchés régulièrement cette année, mais une première étape constructive a déjà été franchie. Le cas de l’Europe est plus délicat : l’arrêt des politiques d’austérité n’est pas encore d’actualité, réduction des dettes publiques oblige… au final, l’année 2013 sera encore très difficile avec une croissance quasi-nulle dans la zone.
L’avantage de cette situation de croissance très modérée est que les politiques monétaires vont rester accommodantes : l’heure n’est donc pas à la tension des taux d’intérêt. Les Banques Centrales ont fait un choix depuis le début de la crise de 2008 : celui d’adopter des stratégies innovantes face à une situation très grave de récession et d’excès d’endettement généralisé. La Réserve fédérale américaine a initié ce mouvement. La BCE a fini par suivre. Donc, les taux monétaires resteront quasi-nuls pour une bonne partie de l’année 2013. La recherche de rendement va donc continuer mais les performances obligataires seront mécaniquement beaucoup plus modestes cette année.
Ces phénomènes de flux profiteront en priorité aux segments « High Yield » et « dette émergente » qui présentent aujourd’hui le meilleur potentiel de performance. Nous pensons également que les obligations indexées sont attractives dans une perspective moyen terme car l’inflation implicite inscrite dans les cours est assez basse actuellement. Une gestion active à travers un OPCVM est toutefois préférable au stade actuel. Les obligations convertibles offrent également des rendements très faibles aujourd’hui, mais elles ont retrouvé une bonne convexité et resteront recherchées dans l’environnement actuel.
De ce fait, tous les indicateurs de valorisation relatifs et absolus militent aujourd’hui pour un rééquilibrage des obligations vers les actions : les investisseurs, majoritairement investis en obligations, vont aborder 2013 avec des rendements de portefeuille couvrant à peine l’inflation, ce qui devient risqué dans une perspective de placement à moyen terme. Nous pensons donc qu’il y aura des mouvements stratégiques de réallocation vers les actions et que ces flux vont soutenir les cours. Par ailleurs, il vaut peut-être mieux détenir actuellement une part d’entreprise de bonne qualité plutôt qu’une créance sur des États très endettés aux prix actuels… Les valorisations absolues sont également parmi les plus basses depuis 20 ans, après 12 ans de « Derating » : les PER des principaux indices sont bien souvent autour de 10/13, que ce soit pour les estimations de bénéfice 2103 ou pour les bénéfices ajustés du cycle. Les dividendes sont également supérieurs aux taux obligataires.
En conclusion, nous pensons qu’en 2013, il n’y aura pas de performance sans prise minimale de risque ! Mais attention à court terme : comme à chaque fois en bourse, les phases de rupture provoquent des mouvements très rapides et les sentiments deviennent rapidement consensuels, ce qui n’est pas une situation confortable d’investissement ! Après 6 mois de hausse des actions européennes, il est donc probable d’assister à une phase de repli ou de stabilisation à court terme. Il faudra en profiter cette fois-ci.