Zone euro : reprise en vue ?

par Marie-Pierre Ripert, économiste chez Natixis

Sans grande surprise, la zone euro est restée en territoire négatif en début d’année 2013 avec un recul du PIB de 0,2% T/T au premier trimestre (-1% sur un an). Si l’Allemagne sort du rouge, la progression de sa croissance n’en demeure pas moins décevante avec une hausse de seulement 0,1% T/T (0,3% attendus). Tous les autres grands pays de la zone euro voient, à nouveau, leur croissance reculer au premier trimestre1. La baisse de la demande domestique et en particulier de l’investissement des entreprises constituent la principale cause de la dégradation de l’activité. La « bonne » nouvelle c’est que les contractions de PIB dans les pays périphériques sont moins importantes qu’en fin d’année 2012. Il n’en reste pas moins que les économies continuent à se contracter !

Parallèlement, les marchés financiers se portent plutôt bien reflétant l’anticipation d’une amélioration prochaine en zone euro. Les primes de risque sur les pays périphériques ont nettement baissé, l’Italie se finançant à environ 4% à 10 ans et l’Espagne légèrement au dessus. Les marchés risqués (actions,…) sont revenus sur une tendance haussière. Faut-il devenir plus optimiste sur la zone euro ?

Un certain nombre de développements récents vont effectivement dans le bon sens.

  • Les ajustements macroéconomiques ont avancé, réduisant le besoin de financement extérieur des pays. On commence également à observer des améliorations sur le front de la compétitivité (encore timides) et la mise en place de réformes structurelles favorisant une plus grande flexibilité2.
  • L’inflation recule depuis quelques mois (1,2% en avril) permettant de limiter l’effet négatif de l’ajustement à la baisse des salaires sur le pouvoir d’achat mais il ne faudrait pas que les anticipations deviennent déflationnistes.
  • Des délais ont finalement été accordés aux pays pour réduire leur déficit public ce qui desserre un peu l’étau de l’austérité à court terme.
  • L’attitude de la Banque Centrale Européenne a beaucoup changé. La BCE a finalement abaissé le taux refi à 0,50% et son discours suggère que la politique monétaire va rester plus accommodante. Elle réfléchit actuellement à des moyens d’atténuer le rationnement de crédit dans certains pays périphériques en mettant en place un programme d’achats d’ABS et elle n’exclut pas de baisser davantage les taux si nécessaire (les marges de manœuvre sont maintenant limitées…).

Pour autant, plusieurs facteurs appellent à la prudence : tout d’abord les ajustements structurels nécessaires sont des processus de long terme qui continueront de peser sur la croissance via la faiblesse de l’investissement et le niveau élevé du taux de chômage ; de plus, la situation des banques est toujours compliquée dans certains pays ; enfin, la difficile entente au sein de la zone euro rend les avancées sur le plan institutionnel très lentes (cf. le débat actuel sur l’Union bancaire).

Au final, même si la zone euro devrait sortir de la récession en milieu d’année 2013, les perspectives de reprise sont encore bien incertaines. Surtout en l’absence d’un franc redémarrage du commerce mondial, la dynamique interne ne suffira pas à faire revenir la croissance sur les rythmes d’avant crise (graphique) laissant le taux de chômage à un niveau structurellement élevé.

NOTES

  1. Cf.«Récessionenzoneeuro:etde6!»
  2. Cf. Flash n°2013-362 « Une lueur d’espoir dans la z one euro : les quelques signes d’amélioration de la situation espagnole ».

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